Printemps arabe : Des pays dénoncent des « entraves juridiques » à la récupération des fonds détournés
Les pays du « Printemps arabe » sont confrontés près de cinq ans après, à des difficultés juridiques qui les empêchent de récupérer les fonds détournés par les dictatures déchues lors de la révolution, ont affirmé à Tunis, des ministres arabes, réunis à l’occasion de la 4e édition du Forum arabe sur le recouvrement des avoirs.
« Les années passent, les discours se ressemblent ainsi que les mots pour exprimer l’espoir de réaliser la justice et la coopération, afin de lutter contre la corruption. Mais les résultats restent faibles et ne correspondent pas aux efforts déployés », a déploré le ministre tunisien de la Justice par intérim, Farhat Horchani.
S’exprimant lors de ce Forum arabe qui prend fin ce jeudi, à Hammamet, Horchani a évoqué « des difficultés et entraves » d’ordre juridique, au vu des différences de régimes d’un pays à l’autre.
Le ministre tunisien n’a pas précisé le montant global de l’argent que son pays espère récupérer, ni la valeur globale des avoirs spoliés. En 2013, la Tunisie, point de départ du « Printemps arabe », avait récupéré 28 millions de dollars détournés au Liban par le clan de l’ex président Zine El Abidine Ben Ali.
« L’Egypte n’a pu récupérer qu’un montant minime en raison des demandes et des arguments non fondés des pays qui détiennent les fonds détournés », a également dénoncé le ministre égyptien de la Justice Ahmed Al-Zind.
« Nous avons répondu à toutes les demandes de ces pays mais sans aboutir à des résultats. Ces pays bénéficient de cet argent et ne donnent aucune importance aux conventions internationales. Ils tiennent à appliquer seulement leurs lois » a-t-il poursuivi. Le montant des fonds que réclame l’Egypte est d’environ 900 millions de dollars, a précisé son adjoint, Adel al-Saïd.
Le procureur général qatari, Ali al-Marri, a quant à lui déploré que « les pays qui détiennent l’argent refusent de donner des précisions », déplorant l’absence d’un minimum de coopération, et demandant également plus de pressions politiques sur les pays qui détiennent les fonds détournés.
L’an dernier, à l’occasion de la 3e édition du Forum qui s’est tenu à Genève, la Suisse avait pour sa part affirmé avoir restitué quelque 1,5 milliard d’euros aux pays d’origine des fonds, soit, selon elle, près du tiers des avoirs restitués dans le monde à cette époque.
Le Forum arabe sur le recouvrement des avoirs a été crée en 2012 à l’initiative de la présidence américaine du G8, dans la foulée du « Printemps arabe ». L’édition 2015 est co-organisée par la Tunisie, le Qatar et l’Allemagne qui préside actuellement le G7.