L’économie de l’Afrique progresse malgré la chute des cours des matières premières
Le décollage économique de l’Afrique, fondé sur la démographie et les investissements, va se poursuivre en dépit de la chute des prix mondiaux des matières premières et du ralentissement économique de la Chine, a affirmé jeudi, Carlos Lopes, le chef économiste des Nations Unies pour l’Afrique.
« On va perdre au moins un point de croissance par rapport à l’an dernier, donc on va passer à une croissance à 4 % en 2015 », a précisé jeudi à Paris, le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.
« Mais comme en 2009 et en 2011, après les crises respectives de 2008 et 2010, la performance de l’Afrique sera plus résiliente que ce qu’on imagine », a poursuivi Lopes.
Selon le ministère chinois du commerce, l’Afrique a connu depuis une quinzaine d’années, une des croissances les plus fortes au monde, tirée par la flambée des prix des matières premières, elle-même alimentée par la croissance chinoise.
Cependant, le ralentissement économique de la Chine a eu pour conséquence la chute des investissements chinois en Afrique, de plus de 40% en glissement annuel, durant le premier semestre 2015, explique le ministère chinois du commerce.
Néanmoins, les économistes restent partagés quand à la pérennité de la croissance économique de l’Afrique, qui connait un accès plus difficile au crédit et de la remontée du dollar.
Pour Lopes, trop d’importance est donnée aux matières premières dans la croissance africaine, alors qu’elles représentent seulement un tiers du pourcentage de la croissance, les deux autres tiers proviennent de la consommation interne. Celle-ci, a-t-il dit, devrait se maintenir, en raison notamment de la croissance démographique du continent, de la montée en puissance d’une classe moyenne et de la pérennité des investissements extérieurs.
L’investissement extérieur en Afrique, en constante croissance, s’est établi l’an dernier, à 54 milliards de dollars et cette année à au moins 60 milliards malgré les vents défavorables, estime Lopes.
L’Afrique a cependant encore de gros efforts à faire pour améliorer la productivité de son agriculture, considérée comme la plus faible du monde, ainsi que la collecte de l’impôt. Le continent a également trop peu exploité ses énergies renouvelables, avec par exemple « 9% seulement de son potentiel hydraulique actuellement utilisé ».