élections générales en Tanzanie : scrutin très indécis
Les Tanzaniens se sont rendus aux urnes ce dimanche pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers municipaux lors d’un scrutin très indécis qui pourrait mettre fin au règne du parti au pouvoir depuis l’indépendance dans le pays le plus peuplé d’Afrique de l’Est.
Les bureaux de vote ont fermé à 16 heures (13 heures, GMT), et les résultats de l’élection ne devraient être rendus publics que d’ici trois ou quatre jours.
Quelque 23 millions de Tanzaniens, sur 52 millions d’habitants, se sont déplacés aux urnes, pour désigner le successeur de l’actuel chef de l’État, Jakaya Kikwete, qui conformément à la loi fondamentale du pays, ne se représente pas, après avoir achevé son second mandat.
La course à la présidence se joue donc entre John Magufuli, 55 ans, du parti Chama Cha Mapinduzi (CCM) au pouvoir, et ministre du gouvernement sortant, considéré comme le favori parmi les huit candidats en lice, et l’ex-Premier ministre Edward Lowassa, 62 ans, un vétéran du CCM désormais à la tête de la coalition d’opposition Ukawa, après avoir perdu la bataille pour être le candidat du parti au pouvoir.
Le vote s’est déroulé dans le calme, selon la police. Mais certains observateurs craignent que ce scrutin, annoncé particulièrement serré, ne débouche sur des violences post-électorales. Car la prééminence du CCM, affaibli par des dissensions internes et des scandales de corruption, n’a jamais été autant menacée.
John Magufuli, l’actuel ministre des Travaux publics, surnommé le « Bulldozer », est loin d’avoir gagné d’avance, car les quatre principaux partis d’opposition se sont ralliés autour de la candidature de Edward Lowassa, qui a rejoint la formation d’opposition Chadema, et espère offrir au pays sa première alternance depuis son indépendance en 1961.
« Chassons le CCM du pouvoir, ce régime qui a été un échec pour le pays pendant ses 54 années à la tête de la Tanzanie », a martelé Lowassa durant sa campagne, au cours de laquelle l’actuel président s’en est pris directement à lui.
Samedi, lors du dernier meeting du CCM, le président Kikwete l’a accusé d’être « corrompu et cupide » et de s’être approprié des terres illégalement quand il était ministre en charge de l’Aménagement du territoire.
« Cette élection sera la plus difficile, mais aussi la plus excitante de l’histoire du pays », commente Pius Msekwa, ancien vice-président du CCM et vice-recteur de l’Université de Dar es Salaam.
Magufuli et Lowassa ont également lancé des appels répétés en faveur de la préservation de la paix et de l’unité nationale, et dénoncé le tribalisme, la violence religieuse et la corruption.