Guinée : vote massif des guinéens pour une présidentielle disputée
Les électeurs ont voté en masse ce dimanche en Guinée pour désigner leur président dans un scrutin sous tension. Déjà l’opposition compte contester les résultats du vote, pendant que le camp du sortant Alpha Condé le donne vainqueur dès le premier tour.
L’Union des forces démocratiques de Guinée,(UFDG) principal parti d’opposition, dénonce des bourrages d’urnes dans les préfectures de Kérouané, Siguiri et Faranah, situées en Haute Guinée, où leurs délégués seraient « intimidés et certains arrêtés », sur l’ordre des autorités locales, comme à Siguiri.
Dans une note adressée à la presse dans la mi-journée de ce dimanche, le parti de Cellou Dalein Diallo accuse « les administrations locales d’être aux mains du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et d’avoir chassé les délégués chargés de surveiller les opérations électorales issus des partis de l’opposition afin de les remplacer unilatéralement par des individus qui signeraient au nom de ces partis.»
Ancien opposant qui a connu la prison, Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de ce pays d’Afrique de l’Ouest, qui a été dirigée jusqu’alors par des pouvoirs autoritaires ou dictatoriaux.
En raison de l’affluence, de la lenteur des vérifications sur les listes électorales et parfois d’un retard dans la mise en place du matériel électoral, le scrutin a démarré dimanche avec des retards dans de nombreux bureaux de vote.
En votant, le chef de l’Etat Alpha Condé et son principal concurrent, Cellou Dalein Diallo, ont dit espérer qu’il n’y aura pas de violences post-électorales. Les deux précédents scrutins dans le pays, la présidentielle de 2010 et les législatives de 2013, ont été entachés par des violences et des accusations de fraude.
Les premiers résultats du vote ne sont pas attendus avant mardi, l’enjeu principal portant sur l’éventuelle réélection de M. Condé dès le premier tour, comme le proclame sa campagne.
Mais cinq ans après une victoire à l’arraché au second tour sur M. Diallo, c’est un objectif que ses adversaires jugent irréalisable sans fraude caractérisée.
Les sept concurrents de M. Condé ont invoqué la non-distribution d’une proportion significative de cartes d’électeur et l’inscription présumée indue sur les listes électorales de nombreuses personnes, « notamment des mineurs », pour demander un report de l’élection.
« Généralement ce n’est pas le jour du vote qu’il y a des problèmes, c’est au moment où on proclame les résultats », met en garde Alpha Amadou Bano Barry, professeur de Sociologie politique à l’Université de Sonfonia, à Conakry. Un « deuxième tour en Guinée est toujours beaucoup plus conflictuel que le premier », en raison de l’exacerbation des rivalités ethniques.