Sénégal : reprise du procès, au déroulement toujours incertain, de Hissène Habré
Le procès de l’ancien président tchadien Hissène Habré reprend ce lundi à Dakar. Son déroulement est toujours aussi incertain qu’au moment de son interruption il y a 45 jours vu que l’accusé maintient sa ligne de défense, interdisant à ses avocats de comparaître à l’audience et se murant lui-même dans le silence.
Hissène Habré ne reconnaît aucune légitimité à la juridiction ad hoc, composée d’un président burkinabè assisté de magistrats sénégalais, qui a reçu de l’Union africaine le mandat de le juger. A l’ouverture officielle du procès le 20 juillet dernier, il avait interdit à ses avocats de comparaître à l’audience et s’était lui-même muré dans le silence. Cette attitude susceptible d’entacher le caractère équitable du procès avait conduit le président Gberdao Gustave Kam à commettre d’office à l’accusé trois avocats sénégalais et à suspendre le procès pendant 45 jours pour leur donner le temps de s’imprégner du dossier.
Aujourd’hui, la situation est toujours aussi confuse. Hissène Habré n’a pas la moindre intention de modifier sa stratégie de défense. Conformément à ses instructions, ses avocats officiels s’abstiendront de plaider devant la cour d’assises africaine extraordinaire. Ses avocats commis d’office sont partagés entre la décision du Conseil de l’ordre des avocats saisi par les conseils de Hissène Habré qui estime, sans toutefois l’interdire, que la défense des intérêts d’un accusé contre sa volonté serait contraire à la déontologie de la profession, et les éventuelles sanctions disciplinaires que leur coûterait une désobéissance à l’ordonnance de commission d’office du président Kam.
Au pouvoir au Tchad de 1982 à 1990, Hissène Habré est accusé de crimes de guerres, de crimes contre l’humanité et torture. Son procès est le premier du genre d’un ancien chef d’Etat africain à se tenir dans un pays tiers du continent. Parallèlement à ce procès, la procédure a également conduit à une plainte pour crimes de génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures contre l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno, qui a renversé Hissène Habré en décembre 1990.