Guinée-Bissau : le parti majoritaire exige la démission du nouveau Premier ministre
Le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert), vainqueur des dernières législatives en Guinée-Bissau, a exigé la démission du nouveau Premier ministre, Baciro Dja, également troisième vice-président du PAIGC, nommé et investit la semaine dernière par le président de la République.
Pour le Bureau politique du PAIGC, la nomination, jeudi, de Baciro Dja par le président José Mario Vaz en remplacement de Domingos Simoes Pereira, limogé le 12 août, « viole la constitution de la République et ignore totalement les statuts du PAIGC ». Ces derniers stipulent que le président du parti devient premier ministre en cas de victoire. La Constitution bissau-guinéenne prévoit également que le parti vainqueur des législatives désigne le premier ministre.
Le PAIGC avait proposé au chef de l’Etat la reconduction du Premier ministre Pereira, qu’il avait limogé suite à des divergences avec lui, mais le président a rejeté cette proposition. Le parti a appelé en conséquence à la restauration urgente de la légalité constitutionnelle par l’annulation du décret présidentiel qui nomme Baciro Dja.
Aussi, le PAIGC a exhorté Baciro Dja à présenter sa démission du poste de Premier ministre et demandé à son Conseil national de suspendre tous les membres qui ne respectent pas les statuts du parti.
Par ailleurs, l’Assemblée nationale de Guinée-Bissau a condamné la nomination de Baciro Dja, à travers un communiqué de son Comité permanent qui considère cette nomination comme « une violation de la Constitution de la République ». Face à cette situation, l’Assemblée nationale se réunira en session extraordinaire ce lundi 24 août pour examiner la nomination de Baciro Dja.
La nomination du nouveau premier ministre est également contestée par l’Alliance nationale, une structure qui regroupe des organisations de la société civile, des syndicats, des partis politiques de Guinée-Bissau, laquelle a appelé à la désobéissance civile et à des manifestations jusqu’à ce que le chef de l’Etat reconsidère sa décision.
Pour sa part, l’ex Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, a estimé que « la décision du chef de l’Etat place la Guinée-Bissau dans une crise profonde avec des scénarios imprévisibles ».
Mercredi dernier, le Conseil de Sécurité des Nations Unies avait appelé tous les dirigeants politiques en Guinée-Bissau à reprendre le dialogue pour améliorer la gouvernance du pays.
Les membres du conseil ont indiqué que cette crise sérieuse risque de saper les progrès réalisés depuis le rétablissement de l’ordre constitutionnel en Guinée Bissau après les élections de 2014.