Human Right Watch souligne l’urgence d’une enquête de la CPI sur le camp Ouattara
La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) doit ouvrir d’urgence une enquête sur les crimes dont est accusé le camp du président Alassane Ouattara lors des violences qui ont déchiré le pays lors de la période post-électorale (2010- 2011), a estimé ce mardi, l’ONG Human Rights Watch (HRW).
La requête de HRW intervient au lendemain de la condamnation mardi, par le tribunal militaire d’Abidjan, de deux officiers pro-Gbagbo, Anselme Seka Yapo et Jean Noël Abehi, à une peine respectivement de 20 ans et 5 ans de prison ferme.
La procureure de la CPI, Fatou Bensouda enquête depuis 2011 sur ces violences nées de la contestation des élections par les partisans du président sortant Laurent Gbagbo et ceux de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010.
Mais seules des figures du camp Gbagbo, dont l’ex-président Laurent Gbagbo lui-même, sorti perdant de ce conflit, ayant fait au moins 3.000 morts, ont été jusqu’à présent inculpées.
Il est absolument urgent que les magistrats de la CPI commencent leur enquête, a déclaré Liz Evenson, du programme Justice internationale de Human Rights Watch, à l’occasion de la publication d’un rapport sur le travail de la CPI en Côte d’Ivoire.
Fatou Bensouda a répété à plusieurs reprises que son bureau enquêterait également sur les crimes commis par le camp Ouattara, mais ne l’a pas encore fait en raison de moyens limités, assure-t-elle.
En mars, Fatou Bensouda avait indiqué qu’elle espérerait ouvrir son enquête sur le camp Ouattara vers la mi-2015.
Le fait que l’enquête ait jusqu’à présent visé les partisans pro-Gbagbo a profondément polarisé l’opinion publique ivoirienne au sujet de la CPI, a ajouté Evenson, précisant que de nombreuses victimes ayant l’impression que la Cour a ignoré leurs souffrances.
Faute de moyens et en raison du temps nécessaire au recrutement, la CPI ne dispose que depuis l’automne 2014, d’un coordonnateur permanent chargé de la sensibilisation basé en Côte d’Ivoire, souligne HRW.
Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont détenus à La Haye, où leur procès devant la CPI doit s’ouvrir le 10 novembre. L’épouse de Laurent Gbagbo, Simone, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI, mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye, préférant la juger sur place.