La sécurité se détériore dangereusement au Burundi
La communauté internationale s’inquiétait de la détérioration alarmante de la situation sécuritaire au Burundi, une réaction qui fait suite à la tentative d’assassinat d’un défenseur des droits de l’Homme et au meurtre du général Adolphe Nshimirimana.
Figure respectée de la société civile, Pierre-Claver Mbonimpa, militant burundais des droits de l’homme et fondateur de l’Association pour la Protection des Droits Humains et des Personnes détenues (APRODH), était mardi dans un état stable. Blessé d’une balle au visage, tirée la veille par des hommes à moto à Bujumbura pendant qu’il rentrait à son domicile, Mbonimpa. « Les examens médicaux ont confirmé que la balle qui l’a touché à la mâchoire est bien ressortie, mais il reste hospitalisé pour le moment », selon l’une de ses proches.
Amnesty International a immédiatement condamné cette agression qu’elle qualifie de « honteuse contre un homme qui a travaillé sans relâche pour protéger les droits des autres ».
Human Rights Watch (HRW) se disait choquée de cette tentative de tuer « l’un des activistes les plus éminents du Burundi, un des rares à avoir choisi de rester » au pays.
Dimanche, le général Nshimirimana, homme fort de l’appareil sécuritaire burundais et très proche collaborateur du président Pierre Nkurunziza, avait été tué à Bujumbura dans une attaque à la roquette. La mort de ce cacique du régime, ancien compagnon d’armes de Nkurunziza au sein de la rébellion hutu, a constitué une onde de choc dans le camp présidentiel et fait craindre une vengeance à grande échelle contre les opposants au régime, de la part notamment de la ligue de jeunesse du parti au pouvoir CNDD-FDD, qualifiée de milice par l’ONU.
Ce Mardi soir, des tirs d’armes à feu ont longuement retenti dans un quartier contestataire de Bujumbura, où le calme est ensuite revenu, selon un habitant. Le porte-parole du CNDD-FDD Gélase-Daniel Ndabirabe a par ailleurs accusé mardi l’opposition de mener un « plan d’assassinat sélectif » de ses militants, au lendemain de l’assassinat d’un responsable de la formation présidentielle dans une commune rurale.
L’Union européenne a déploré mardi une « détérioration rapide de la situation sécuritaire », et a appelé une nouvelle fois, les protagonistes de la crise burundaise à « faire preuve de retenue et chercher la voie du dialogue ».
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a également exprimé sa « grande inquiétude » face à « la détérioration continue de la situation sécuritaire après une période électorale marquée par la violence et la violation des droits de l’Homme »