Un ancien ministre à la tête de la commission vérité, justice et réconciliation

Ousmane Oumarou Sidibé, ancien ministre et cadre de l’opposition, a été nommé lundi, président de la Commission « Vérité, Justice et Réconciliation » (CVJR) au Mali, créée en 2014 avec pour mission d’enquêter sur les violences commises dans le nord du pays durant les 53 dernières années.

Sidibé, 60 ans, professeur à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Bamako depuis 2006, a été nommé lundi à ce poste par le Conseil des ministres, indique un communiqué du gouvernement publié ce mardi.

Formé dans son pays et en France, il a été plusieurs fois ministre entre 1993 et 2000. Il a également dirigé l’Ecole nationale d’administration (ENA) du Mali et est l’auteur de plusieurs études et communications, particulièrement sur le droit social.

Il est par ailleurs secrétaire politique de l’instance dirigeante de l’Union pour la République et la démocratie (URD), l’une des principales formations de l’opposition malienne.

La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) qui a été mise en place en janvier 2014 pour un mandat de trois ans, a pour mission de contribuer à l’instauration d’une paix durable à travers la recherche de la vérité, la réconciliation et la consolidation de l’unité nationale, selon l’ordonnance de sa création.

D’après cette ordonnance, ses travaux couvrent la période de 1960 à 2013 et portent sur l’ensemble des causes des conflits qui ont affecté le nord du pays, vaste région qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d’indépendance du Mali, ex-colonie française, en 1960.

La dernière insurrection touareg, déclenchée en 2011-2012, a ouvert la voie aux jihadistes qui ont contrôlé le Nord Mali pendant près de dix mois avant d’en être chassés et partiellement dispersés par une opération militaire internationale conduite par l’armée française.

Après plusieurs mois de négociations, un accord de paix a été signé le 15 mai par le gouvernement et le 20 juin 2015 par des groupes rebelles à dominante touareg.

Le président de la CVJR, Sidibé a participé à ces pourparlers de paix en tant que cadre au bureau du haut représentant du président malien pour le dialogue avec la rébellion.

Le ministre malien de la Réconciliation nationale, Zahabi Ould Sidy Mohamed, présent à la cérémonie de prise de fonction du chef de la CVJR, s’est dit confiant quand à l’exécution de sa mission. Sidibé est au parfum de la problématique du Nord, a-t-il commenté.

« La CVJR a une mission très délicate, mais qui est prévue dans les accords pour la paix, d’établir la vérité parce que c’est sur la base de cette vérité qu’on peut faire la justice. Et c’est cette justice qui nous permettra d’arriver à la réconciliation », a affirmé Sidibé qui se dit prêt à relever ce défi énorme.

Il a invité les Maliens à mettre de côté les intérêts personnels pour la cohésion nationale, la reconstruction du tissu social et l’unité du pays.