Burundi : Un défenseur des droits de l’homme blessé par balles
Pierre-Claver Mbonimpa, un défenseur renommé des droits de l’Homme au Burundi, a été grièvement blessé par balles ce lundi soir à Bujumbura, au lendemain du meurtre du général Adolphe Nshimirimana, bras droit du président Pierre Nkurunziza.
« Il est très grièvement blessé, il est à l’hôpital », a déclaré Balthazar Fengure, vice-président de l’Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh), association que préside Mbonimpa, par ailleurs opposant notoire au 3ème mandat du président Pierre Nkurunziza.
« On ne sait pas encore ce qui s’est passé, on attend des nouvelles de l’hôpital »a-t-il simplement ajouté.
Selon Innocent Muhozi, personnalité de la société civile burundaise, proche de Mbonimpa, qui dit avoir parlé à sa famille, des hommes à moto lui ont tiré dessus alors qu’il rentrait chez lui.
La détermination sans faille de Nkurunziza à conquérir un 3e mandat – obtenu le 21 juillet lors d’une présidentielle controversée – a plongé le pays dans une grave crise politique, émaillée de violences ayant fait plus de 80 morts depuis la mi-avril.
Pierre-Claver Mbonimpa, plusieurs fois emprisonné au Burundi, avait appelé publiquement à manifester contre le 3ème mandat du président sortant Nkurunziza, malgré l’interdiction du gouvernement de cette manifestation. Cela lui avait valu d’être arrêté le 27 avril et de passer 30 heures aux mains du Service national du Renseignement (SNR), avant d’être libéré sans être inculpé.
Auparavant, Mbonimpa avait été incarcéré en 2014 durant quatre mois et demi, avant d’être remis en liberté provisoire pour des raisons de santé, dans le cadre d’une procédure judiciaire contre lui pour atteinte à la sûreté de l’Etat, après des propos dans lesquels il accusait les jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, les Imbonerakure, de recevoir une formation paramilitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) voisine.
Son arrestation était intervenue après la publication, dans la presse locale, d’une note confidentielle de l’ONU faisant état de la distribution d’armes par le gouvernement à ces jeunes militants, ce que Bujumbura avait fermement démenti. Les Imbonerakure, qualifiés de milices par l’ONU, sont accusés par les opposants d’intimider et d’exercer des violences contre les opposants au président Nkurunziza.
Mbonimpa, prix Henri Dunant en 2011 pour son engagement en faveur des droits de l’Homme, dénonce depuis des années les assassinats d’opposants burundais.