UA : Obama fustige les dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir
Les dirigeants africains qui s’accrochent au pouvoir mettent en péril les progrès démocratiques sur le continent, a affirmé mardi, le président américain Barack Obama, dans un discours au siège de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba.
« Les progrès démocratiques en Afrique sont en danger quand des dirigeants refusent de quitter le pouvoir à l’issue de leur mandat », a déclaré Obama, premier président américain à s’exprimer devant l’organisation panafricaine, ajoutant que personne ne devrait être président à vie, allusion faite notamment aux présidents africains qui ont amendé la Constitution de leur pays pour brioguer de nouveaux mandats présidentiels.
Le président Obama a rappelé que son second mandat s’achèvera bientôt et que la Constitution américaine lui interdisait de se représenter. « La loi est la loi est personne n’est au-dessus, pas même les présidents », a-t-il insisté devant les représentants des chefs d’Etat de l’UA, de la société civile, des confessions religieuses et des diplomates.
« Je vais être honnête avec vous, j’attends avec impatience ma nouvelle vie après la présidence. Je n’aurai plus toutes ces contraintes sécuritaires, cela veut dire que je pourrai faire des promenades, passer du temps avec ma famille et revenir en Afrique », a-t-il expliqué.
« Je ne comprends pas pourquoi les gens veulent rester si longtemps au pouvoir, en particulier quand ils ont beaucoup d’argent », s’est-il interrogé sous des applaudissements nourris.
Le président américain a appelé l’UA à user de son autorité et de sa voix forte, non seulement pour condamner les coups d’Etat et les changements illégitimes de pouvoir mais aussi pour faire en sorte que les dirigeants africains respectent leurs Constitutions et les limitations du nombre de mandats.
« Quand un dirigeant essaie de changer les règles au milieu de la partie, simplement pour rester en poste, il s’expose à l’instabilité et à la discorde, comme nous l’avons vu au Burundi », a poursuivi Obama.
L’obstination du président burundais Pierre Nkurunziza à décrocher lors de la présidentielle du 21 juillet un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par ses adversaires, a plongé le pays dans une grave crise émaillée de violences qui ont fait plus de 80 morts et chassé plus de 170.000 Burundais de leur pays.
« Si un dirigeant pense être le seul capable d’unir sa nation, alors ce dirigeant n’a pas réussi à réellement bâtir son pays. Nelson Mandela et George Washington ont laissé un héritage durable en quittant leurs fonctions et en transmettant le pouvoir pacifiquement », a rappel le chef de la Maison Blanche.
En dehors du Burundi, plusieurs dirigeants africains cherchent à lever les dispositions constitutionnelles qui limitent le nombre de mandats présidentiels, afin de se maintenir au pouvoir à l’approche de la fin de leur mandat.
Au Rwanda, les autorités, invoquant un élan populaire, ont lancé une procédure pour modifier la Constitution afin de permettre au président Paul Kagame, homme fort du pays depuis 1994 et longtemps protégé par les Etats-Unis, de briguer un nouveau mandat en 2016.
Au Congo, les partisans du président Denis Sassou Nguesso, qui cumule plus de 30 ans à la tête du pays, ont appelé à un changement de la Constitution lui permettant de se représenter.
En République démocratique du Congo (RDC) voisine, le président Joseph Kabila est accusé par ses adversaires de chercher à se maintenir au pouvoir au-delà de la fin de son mandat en 2016.
En Algérie, le président Abdelaziz Bouteflika (76 ans), qui détient la présidence de son pays depuis avril 1999, a emprunté la même voie, malgré la gravité de son état de santé, pour briguer un quatrième mandat en avril 2014 après avoir modifié la Constitution de son pays.