Burundi : le principal opposant siège à l’assemblée
Le principal opposant burundais, Agathon Rwasa, a participé lundi à la première session de l’Assemblée nationale issue des dernières législatives, disant vouloir jouer le jeu pour aider à sortir son pays de la crise après avoir refusé de reconnaître les résultats des élections.
Malgré la crise politique déclenchée par la candidature du président Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, le pouvoir burundais a organisé des élections législatives et communales le 29 juin et une présidentielle le 21 juillet. Les trois scrutins, décriés par l’opposition et la quasi-totalité de la communauté internationale, ont été remportés par le camp présidentiel. Pierre Nkurunziza a été déclaré vainqueur, vendredi dernier, avec plus de 69% des voix.
L’ensemble de l’opposition, dont Agathon Rwasa, avait annoncé boycotter les scrutins, mais la Commission électorale avait maintenu leurs candidatures. « On doit se rendre à l’évidence, le forcing de Nkurunziza a bien réussi. Maintenant, faut-il abandonner à leur sort tous ces gens qui ont voté pour nous, quand bien même les résultats publiés ne sont pas si réalistes que ça? », s’est justifié M. Rwasa, expliquant sa présence au parlement lundi.
L’annonce fin avril de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a déclenché un mouvement de contestation populaire violemment réprimé par la police. Au total, plus de 80 personnes sont mortes dans les violences depuis le début de cette crise, qui a poussé quelque 170.000 personnes à fuir dans les pays voisins, selon l’ONU.
L’opposition juge ce troisième mandat anticonstitutionnel et contraire à l’accord de paix d’Arusha, qui avait permis de mettre fin à la guerre civile (1993-2006).
Après l’échec de deux médiations onusiennes, la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC- Rwanda, Ouganda, Burundi, Kenya et Tanzanie) a demandé au gouvernement ougandais de rapprocher les deux camps par le dialogue. « Tant que les négociations n’ont pas encore abouti, autant jouer le jeu et je crois que tout sera fixé par l’aboutissement du dialogue entre les parties », a ajouté, confiant, M. Rwasa, réfutant se livrer à un double langage.
Le principal allié de M. Rwasa dans ce processus électoral, Charles Nditije, n’était pas présent dans l’hémicycle lundi pour cette première session qui s’est tenue en présence de 104 des 121 députés devant normalement composer la nouvelle Assemblée.