Le président gambien décrète une large amnistie
Le président gambien Yahya Jammeh a gracié ce mercredi à l’occasion du 21e anniversaire de sa prise de pouvoir, de nombreux détenus, y compris ceux condamnés à la peine capitale ou à perpétuité pour trahison, exception faite des participants au dernier putsch avorté dont il a été l’objet en décembre 2014.
« Tous ceux qui ont été condamnés pour trahison entre 1994 et 2013 et sont dans le couloir de la mort ou purgent une peine à perpétuité, sont à présent graciés », a-t-il déclaré dans un discours prononcé sur la place du 22 juillet, date du putsch militaire qui l’a porté au pouvoir en 1994.
« A compter d’aujourd’hui tous les citoyens convaincus de meurtre qui ont purgé au moins dix ans de prison sont graciés », a renchéri Jammeh en excluant néanmoins les auteurs de certains délits atroces, d’infanticide et de viol d’enfants.
Parmi les condamnés graciés devraient figurer un ancien chef d’état-major du pays, le général Lang Tombong Tama, condamné avec sept autres militaires pour trahison en 2010, quatre capitaines de l’armée condamnés pour tentative de renverser Yahya Jammeh en 2006, ainsi qu’un garde du corps du président, condamné en 2000 à 16 ans d’emprisonnement pour les mêmes motifs.
Les condamnés pour trafic de drogue douce ou de cannabis ayant purgé au moins trois ans de prison et les condamnés pour trafic de drogues dures qui ont purgé au moins cinq ans, à l’exception des récidivistes, ont également bénéficié de la grâce présidentielle.
En revanche, cette mesure de clémence, que le chef de l’Etat gambien a ordonnée aux services pénitentiaires d’appliquer avant la prière de demain vendredi, ne bénéficiera pas aux personnes impliquées dans la tentative de coup d’Etat de décembre dernier.
Le 30 décembre 2014, alors qu’il était à Dubaï, la garde présidentielle a repoussé un assaut d’hommes armés contre le palais présidentiel à Banjul, téléguidés par des opposants gambiens établis à l’étranger notamment aux Etats-Unis.
Selon Amnesty International et des sources militaires gambiennes, trois soldats ont été condamnés à mort et trois autres à perpétuité le 30 mars dernier par un tribunal militaire au cours d’un procès tenu à huis-clos pour cette tentative de coup d’Etat avortée.
Dans un communiqué publié à cette occasion, Amnesty International affirme que le climat de peur dans lequel vivent les Gambiens depuis plus de 20 ans, s’est aggravé au cours des 12 derniers mois.
Amnesty regrette aussi la reprise des exécutions décidée le 17 juillet, par le président Jammeh, après avoir décrété il y a trois ans, un moratoire conditionnel sur l’application de la peine capitale, s’inquiète Amnesty.