Burundi : L’opposition appelle au boycott des élections présidentielles
L’opposition burundaise a appelé une nouvelle fois lundi, les électeurs à boycotter le scrutin présidentiel qui se tient ce mardi 21 juillet dans le pays.
Le président sortant Pierre Nkurunziza dont la candidature pour un troisième mandat, est contestée par l’opposition et la société civile, est seul en lice, tous ses adversaires ayant retirés leur candidature.
Le pays traverse une violente crise depuis que le président actuel, Pierre Nkurunziza, a annoncé en avril dernier qu’il comptait briguer un troisième mandat. Cette décision, que ses opposants jugent contraire à la Constitution, a déclenché des semaines de contestation et abouti à la mort de plusieurs dizaines de manifestants ainsi qu’à un coup d’Etat avorté au mois de mai.
Mais le chef de l’Etat lui s’abrite derrière une décision de justice pour affirmer qu’il peut bien concourir à la présidentielle de ce mois de juillet.
Pour Charles Nditije, chef de file du parti d’opposition Uprona, la communauté internationale ne doit pas reconnaître le résultat de cette élection. Il a appelé les citoyens burundais à ne pas se rendre aux urnes pour ce scrutin du 21 juillet, qui selon lui, n’est pas démocratique.
Un porte-parole de l’Union africaine, Jacob Enoh Eben, a fait savoir lundi que l’organisation ne dépêcherait pas d’observateurs au Burundi pour veiller au bon déroulement du vote dans la mesure où, dit-il, « les conditions ne permettent pas d’élections crédibles, transparentes et libres ».
Par ailleurs, des explosions et des tirs d’armes à feu ont été entendus lundi soir à Bujumbura, à quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote pour cette présidentielle controversée au Burundi. Aucun bilan n’est encore établi, et les tirs continuaient d’être entendus durant les heures tardives de la nuit du lundi à mardi.
Selon des témoins, des inconnus ont ouvert le feu sur des policiers, qui ont répliqué dans le quartier de Ngagara, au nord du centre-ville de Bujumbura, où au moins deux explosions ont été aussi entendues.
D’autres explosions et des tirs ont retenti dans les quartiers de Nyakabiga et Kanyosha, dans le sud de la capitale, selon des habitants.
Une grenade a explosé en fin d’après-midi dans une artère commerçante au cœur de la capitale, sans faire de victimes, mais rappelant le climat délétère dans lequel se déroule le scrutin.
Les discussions entre gouvernement et opposition n’ont donné quasiment aucun résultat. Les derniers pourparlers ont même été suspendus dimanche, en raison de l’absence de représentants du pouvoir (gouvernement et parti au pouvoir) autour de la table.
Plusieurs diplomates en poste dans le pays craignent que la crise actuelle ne dégénère en guerre civile. Les auteurs du putsch avorté ont affirmé que les combats se poursuivraient dans le pays jusqu’à l’abdication du président Pierre Nkurunziza. Cette perspective est d’autant plus redoutée dans cette région qu’elle réveille le souvenir du génocide au Rwanda, qui avait fait 800.000 morts en 1994.