Rwanda : le Parlement ouvre la voie à un troisième mandat du président Kagame
Le Parlement rwandais s’est dit favorable à un changement de la Constitution dans laquelle sera supprimée la limitation de deux mandats présidentiels successifs et instituer une limite de trois mandats, comme le souhaite le clan du président Paul Kagame, faisant passer cette réforme, pour une volonté du peuple.
Sans grande surprise, ce mardi 14 juillet, les sénateurs et députés rwandais se sont prononcés à l’unanimité, dans leurs chambres respectives, en faveur d’une réforme constitutionnelle qui permettrait à Paul Kagame de briguer un troisième mandat successif. Cependant des amendements devront encore être votés, puis une nouvelle Constitution sera formellement soumise à un référendum.
« Je veux remercier tous les membres du Parlement pour leur soutien aux souhaits du peuple », a déclaré, à l’issue des votes, la présidente de l’institution, Donatilla Mukabalisa, qui a promis un « processus » rapide pour mettre en œuvre les changements.
Le président Paul Kagame, dont le parti, le Front patriotique rwandais (FPR), est au pouvoir depuis la fin du génocide des Tutsi en 1994, a quant à lui présenté ces débats autour d’une réforme constitutionnelle, comme émanant d’une initiative populaire.
En quelques semaines, plus de 3,7 millions de Rwandais, sur un corps électoral de quelque 6 millions, ont signé des pétitions, demandant au Parlement de modifier l’article 101 de la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels successifs.
Selon le quotidien d’Etat « News Times », en dehors des pétitions qui soutenaient une modification de la constitution, deux autres pétitions émanant de la petite formation d’opposition le Parti démocratique vert et d’un particulier, réclamaient à l’inverse que l’article 101 ne soit pas modifié.
Mais ces pétitions avaient peu de chance d’aboutir vu que le Parti démocratique vert, qui a aussi déposé un recours devant la Cour suprême pour empêcher la révision constitutionnelle, est la seule formation politique à s’opposer à cette réforme. Aussi la motion d’un simple particulier avait, elle, naturellement peu de chance de faire le poids face au plébiscite de près de 4 millions de Rwandais.
Mais, dans un pays régulièrement critiqué pour ses atteintes à la liberté d’expression, plusieurs d’observateurs pensent que le pouvoir rwandais est en fait à la manœuvre pour permettre au chef de l’État de se maintenir au pouvoir à la fin de son deuxième mandat, comme dans les Etats voisins du Burundi et de l’Ouganda.
En juin, les États-Unis s’étaient dit opposés à un éventuel troisième mandat du président rwandais, Paul Kagame.