Cameroun : Des détournements des recettes publiques
Le Cameroun est tristement célèbre à cause des multiples malversations financières qui éclaboussent fréquemment son administration publique. La récente publication de la Stratégie Nationale de Lutte Contre la Corruption (SNLCC), un document obtenu par l’AFP, en a encore rajouté une couche. Selon cette source élaborée par la Commission Nationale Anti-Corruption, « 1.845 milliards de FCFA » (3,7 milliards de dollars) de recettes publiques ont été détournés de 1998 à 2004, causant « une perte annuelle de 300 milliards de FCFA (600 millions de dollars) ». Le même document zoomant sur le secteur forestier en particulier révèle qu’ « une enquête menée par Greenpeace, Forest Monitor et le Centre pour l’Environnement et le Développement (CED) a estimé à 100 milliards de FCFA (200 millions de dollars) la moyenne de la perte annuelle accusée par l’Etat (…) du fait de l’exploitation forestière illégale ».
La corruption, véritable gangrène au Cameroun, est devenu un phénomène normal de société, maintenant le pays dans les profondeurs des classements d’intégrité, 146è sur les 178 pays en 2010 selon Transparency International. D’après une étude menée par la même ONG en 2005, chaque ménage camerounais aurait investi en moyenne 102 500 FCFA (200 dollars américains) dans les pots-de-vin, une somme équivalant au tiers des revenus des foyers les plus humbles. Pour remédier à cela, le gouvernement, sous la pression de ses partenaires financiers, a lancé l’opération « Epervier » contre la corruption, laquelle a entraîné l’emprisonnement de certains hauts-cadres (anciens ministres et ex-chefs d’entreprises nationales). La Stratégie de Lutte compte à présent orienter son action vers une dizaine de secteurs-clés à l’instar du budget d’investissement public, des finances, des forêts et des marchés publics.