Sénégal : Un non-lieu dans le naufrage du Joola
Les juges d’instruction du Sénégal ont rendu mardi dernier une ordonnance de non-lieu dans la dramatique affaire du naufrage du Joola, en invoquant les « dispositions internationales » qui ne leur permettent pas d’engager des poursuites en France dans le cadre de cette procédure.
Le 26 septembre 2002, le ferry Le Joola qui reliait la capitale sénégalaise Dakar à Ziguinchor au sud du Sénégal sombrait aux larges de la Gambie, faisant 1863 morts officiellement, dont 18 français, plus de 2000, selon l’association des familles des victimes, pour un bateau qui était conçu pour transporter 550 personnes. C’est la plus grande catastrophe de l’histoire de la marine civile, de loin plus meurtrière que le tristement célèbre naufrage du Titanic.
Douze ans après le drame, les familles des victimes tentent toujours d’obtenir justice, sans succès. La justice sénégalaise avait très vite classé le dossier en 2003, en reportant l’entière responsabilité de l’accident sur le commandant de bord qui, lui-même, figurait parmi les victimes. Mais la justice française avait rouvert le dossier courant la même année dans le cadre d’une information judiciaire devant le tribunal d’Evry et neuf mandats d’arrêts avaient été émis en 2008 contre de hautes personnalités sénégalaises, civiles et militaires.
En 2011, le parquet d’Evry avait requis le non-lieu dans cette affaire. La décision des juges d’instructions sénégalais s’aligne donc derrière cet avis. Mais selon l’avocat du collectif des familles victimes, Me Etienne Rosenthal, l’argument de souveraineté avancé par les magistrats instructeurs n’est pas valable puisque ces derniers n’ont pas vérifié si les omissions graves reprochées aux fonctionnaires sénégalais en question pouvaient être considérées comme entrant dans le cadre de leur mission de service public et ce faisant, ils n’ont donc toujours pas motivé leur ordonnance de non-lieu. Les familles des victimes vont faire appel de cette décision.