Soudan : L’opposition boycottera-t-elle les élections ?
Le Parti du Congrès du Peuple (PCP), un des principaux partis d’opposition soudanais, a annoncé lundi qu’il allait boycotter les élections présidentielles et législatives prévues en avril 2015, car estimant que « le scrutin risque d’être entaché d’irrégularités, vu l’état déplorable de la démocratie au Soudan ».
Le PCP, à l’instar des autres partis d’opposition, accuse le président Omar el-Béchir de vouloir briguer un nouveau mandat, malgré sa promesse de quitter le pouvoir en 2015. M. el-Béchir, 70 ans, dirige le Soudan depuis 1989, date à laquelle il a été porté au pouvoir suite à un coup d’Etat. Sa présidence, l’une des plus longues en Afrique, est émaillée de conflits internes, rebellions, et crises économiques. Il est actuellement poursuivi par la Cour Pénale Internationale (CPI), pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis durant le conflit au Darfour.
Selon le PCP, l’état actuel de la démocratie au Soudan n’est pas propice à la tenue d’élections libres et transparentes. « Nous boycottons les élections de 2015 car le climat actuel n’est pas favorable aux élections. Il y a des conflits dans le pays, et pas de libertés », a déclaré Kamal Omar, le secrétaire politique de ce parti dirigé par Hassan al-Turabi.
Au demeurant, l’opposition soudanaise accuse souvent le président Omar el-Béchir de réprimer ses adversaires politiques, de museler les médias, et de bafouer le dialogue national qu’il a lui-même initié en début d’année. Les partis d’opposition déjà avaient contesté les élections présidentielles de 2010, invoquant des fraudes.
Pour Kamal Omar, les élections qui doivent se tenir le 02 avril 2015 ne sauraient être une réussite si le dialogue national n’aboutit pas à un consensus entre l’opposition et le gouvernement. « Organiser des élections sans consensus national rend le dialogue absurde », a-t-il déclaré.