Burkina : La machine Blaise Compaoré à l’œuvre
A Ouagadougou, l’heure est à la réforme constitutionnelle devenue un enjeu politique majeur avec, à la clé, un référendum dont l’issue décidera si Blaise Compaoré pourra briguer un nouveau mandat présidentiel en novembre 2015, malgré une certaine résistance de l’opposition.
En proposant le recours à la consultation populaire, le président assure vouloir offrir aux Burkinabé l’occasion de se prononcer sur une modification de l’article 37 de la Constitution. Il coupe par là même occasion l’herbe sous les pieds des critiques qui l’accusent de vouloir se maintenir au pouvoir.
En effet, le texte constitutionnel lui-même n’interdit pas un tel amendement qui permettrait au chef de l’Etat de se présenter pour un nouveau mandat et l’arme référendaire permet au Président de jouir de brandir l’argument de la légitimité populaire face aux critiques.
Une perspective qui paraît inéluctable mais contre laquelle l’opposition se bat avec acharnement. En décembre 2013, Compaoré avait annoncé son intention d’organiser un référendum si les partis politiques ne se mettaient pas d’accord sur la réforme envisagée.
L’annonce avait aussitôt provoqué l’indignation de plusieurs chefs du Congrès pour la Démocratie et le Progrès, le propre parti du président, qu’ils ont quitté avec fracas.
Proches collaborateurs de Compaoré au gouvernement ou au sein du CDP, ils attendaient à l’affût leur tour, avant d’être surpris par la décision du président. Ce dernier, selon de nombreux observateurs, ne serait résolu à se représenter qu’au vu du contexte régional instable, qui lui aurait « dicté sa conduite et son devoir ».
A présent, regroupée dans une kyrielle de partis, l’opposition tente de faire bonne figure face à Blaise Compaoré, mais peine à convaincre. Le grand rassemblement de la fin mai, sur lequel les partis d’opposition fondaient de grands espoirs pour adresser un message fort au président, n’a pas tenu toutes ses promesses. Le stade du 4 Août de Ouagadougou est resté à moitié vide, loin des milliers de partisans du front du refus escomptés par l’opposition.
Zéphirin Diabré, chef de file d’une opposition divisée, a en effet du mal à réunir les autres partis autour du même objectif: empêcher le référendum et l’amendement du fameux article 37.
Le rapprochement de Zéphirin Diabré avec Ablassé Ouedraogo, l’ancien conseiller de Blaise Compaoré et président du parti Faso Autrement, et avec Bénéwendé Sankara, président de l’Unir-PS, semble plus conjoncturel que réellement bâti autour d’objectifs politiques durables. A l’approche des échéances électorales, les observateurs ne parient pas fort sur la solidité de cette union de circonstance.
En face, le CDP, conduit d’une main de maître, maintient ses rangs resserrés face à une opposition déterminée, mais minée par ses divisions.
La fermeté du CDP s’est révélée payante, surtout après le tour de force du parti au pouvoir qui a réussi à remplir, le 21 juin, le plus grand stade de Ouagadougou. Un meeting qui a marqué un puissant appui au président.
Pourtant, la popularité du président ne tient pas uniquement à ses réalisations au niveau politique et économique, le Burkina Faso étant devenu depuis des années un îlot de stabilité dans une vaste région agitée par les troubles et les rébellions chroniques.
Blaise Compaoré est également servi par son image à l’international, notamment depuis 2012 en tant que médiateur dans la crise du nord Mali. Mandaté par la CEDEAO, il continue de privilégier le dialogue pour parvenir à une paix durable à la crise malienne. Après les premiers succès, Compaoré travaille actuellement au rapprochement des vues entre le gouvernement de Bamako et les groupes armés du Nord du Mali, en particulier les séparatistes Touaregs du MNLA.