Burkina-Faso : Paradoxe autour de l’or de Taparko
Ces dernières années, le Burkina-Faso connaît un véritable boom dans le secteur aurifère. La production d’or de 5 tonnes en 2008 a plus que doublé pour atteindre 11 tonnes en 2009 et, au passage, battre le record des exportations du métal précieux (350 millions de dollars).
Toute cette réussite est notamment due au travail abattu par la Société Minière de Taparko (SOMITA), inaugurée en 2007 dans une localité du même nom située à 200 Km de la capitale burkinabé, Ouagadougou. Cette compagnie, détenue à 90 % par les canadiens de High River Gold Mines et 10 % par l’Etat, emploie plus de 500 salariés parmi lesquels on ne comptait qu’une vingtaine d’étrangers début 2010. Conformément aux exigences actuelles du secteur minier, la SOMITA s’est sérieusement penchée sur la question environnementale : elle dispose d’un système de canalisation des boues, d’un site d’enfouissement et effectue régulièrement des analyses sur les eaux de forage.
Malgré toutes ces précautions visant à préserver l’environnement même en cas d’arrêt des activités minières, les villageois de Taparko se plaignent de ne pas assez profiter des retombées de cet investissement. D’abord, faute de compétences requises, ces habitants ne décrochent pas souvent de postes à la SOMITA. Mais, ceux qui réussissent à se faire embaucher le sont généralement comme manœuvres et se plaignent des tâches harassantes qu’ils doivent accomplir. En plus, la compagnie minière utilise l’eau du barrage voisin de Yalgo, pénalisant les cultivateurs de la région. Bref, à en croire les propos des autochtones, le volet social a été négligé par la SOMITA.
Aujourd’hui, le Burkina dispose de cinq mines industrielles en plus de celle de Taparko. Mais, l’opacité de la gestion du secteur gêne la redistribution aux populations locales. L’Etat devra donc s’atteler à contrôler toutes les retombées financières de ces activités extractives pour enfin contenter les burkinabés.