Montée du wahhabisme en Afrique de l’Ouest
Indéniablement, le wahhabisme monte en puissance en Afrique de l’Ouest. Mais, ce n’est pas sans susciter l’opposition de certains Etats de cette région.
Le wahhabisme peut être défini comme la pratique de l’islam selon l’interprétation littérale du Coran. Autrement dit, les adeptes de ce courant adoptent une vision pure et rigoureuse du vécu de leur religion.
Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette manière de penser gagne un certain succès en Afrique de l’Ouest. Pourtant, les décideurs de la région ont tardé à s’en rendre compte. Ce n’est qu’avec l’éclosion de plusieurs mouvements islamistes à l’instar d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et autres Ansar Eddine qu’ils ont pris la juste mesure du wahhabisme. Il aura donc fallu une cinquantaine d’années pour que les dirigeants ouest-africains s’intéressent un peu plus à cette question.
En effet, l’islam communément pratiqué dans cette partie du monde a été longtemps qualifié de confrérique. Ce système de pensée était alors censé prémunir les croyants de l’extrémisme. Mais, c’était sans compter sur l’ampleur du wahhabisme. A noter que cette catégorie de musulmans dément immédiatement qu’ils sont qualifiés d’extrémistes. Pourtant, il n’est pas rare que certains d’entre eux considèrent comme hérétiques les adhérents à l’islam confrérique soufi, très populaire en Afrique de l’Ouest.
Bien que caractérisé par sa dureté, le wahhabisme continue de tisser sa toile dans cette partie de l’Afrique. Depuis les premiers discours des années de décolonisation, cette idéologie se confondait avec le mouvement de la résistance. Ensuite, la propagande wahhabite, sponsorisée par des mécènes, a gagné les laissés-pour-compte par les régimes en place, dont des cadres arabophones.
Aujourd’hui, les signes de sa présence sont manifestes en Afrique de l’Ouest. Pour preuve, il n’y a qu’à observer comment beaucoup de croyants prient de la Côte d’Ivoire au Mali, en passant par le Burkina et le Sénégal. La position des bras, fréquemment croisés à présent, est évocatrice. Seul frein à cette vague, c’est le fait que le wahhabisme n’a pas encore conquis assez de politiques.