L’ultimatum d’Alassane Ouattara lettre morte
Les douze coups de minuit ont sonné sans que l’actuel locataire du palais présidentiel, Laurent Gbagbo, ne réponde à l’ultimatum lancé par le Président élu reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, qui le sommait de quitter le pouvoir « avant minuit ». La situation est cocasse, car celui qui a lancé l’ultimatum est toujours retranché dans son bunker de l’hôtel du golf, protégé par la force internationale de l’ONU (ONUCI) ainsi que la force française Licorne, qui en fait partie. Coupé de quasiment tous ses soutiens (seuls l’Angola et le Mozambique restent timidement de son côté), et bientôt exsangue financièrement, quel est actuellement l’état d’esprit de Laurent Gbagbo ? « Plus combatif que jamais, le Président aime cette situation où il est seul face au monde, et refuse que la France lui dicte sa conduite », nous confie ce proche du clan Gbagbo, qui estime comme beaucoup de partisans du sortant que « la victoire électorale a été volée par la CENI (Commission électorale) ». En réalité, il se pourrait qu’au sein de l’équipe Gbagbo, l’on soit entré dans une spirale infernale d’auto persuasion qui interdit tout retour en arrière ou changement d’attitude. Campé sur ses positions, Laurent Gbagbo sait utiliser les inimitiés internes hexagonales et a ainsi réussi à faire venir Jacques Vergès et Roland Dumas, deux avocats de renom, qui ont publiquement pris sa défense, ce qui a rendu furieux Nicolas Sarkozy, le Président français jugeant ce comportement irresponsable dans un pays au bord du basculement dans la guerre civile.