L’Afrique face à la corruption
A cause de la corruption qui les gangrène, les pays africains sont habitués à occuper les profondeurs des classements d’intégrité. Selon Transparency InternationaI, des états comme la Guinée, le Tchad ou encore le Soudan pointaient au-delà du 170è rang mondial des moins corrompus en 2009.D’ordinaire, les tractations pendant lesquelles peuvent se négocier des pots-de-vin se déroulaient loin du commun des mortels africain, restant l’apanage des milieux politiques. Ainsi, pour endiguer le phénomène, des structures de lutte ont été mises en place dans bien de pays. Grâce à cela, au Mali, par exemple, un audit daté de Juillet 2009 a révélé un manque à gagner de 150 millions d’euros pour le trésor public, dû en grande partie à des fraudes. Mais, les responsables de ces services anticorruption, souvent menacés par ceux à qui leur dévouement nuisent, sont des fois contraints à l’exil. C’est le cas de Malam Nuhu Ribadu, ancien chef de la lutte anticorruption au Nigéria.Aujourd’hui, la corruption a pris des nouvelles dimensions en Afrique. Utilisée dans toutes les sphères de la société au quotidien, elle devient, peu à peu, un véritable passage obligé. Pour en avoir une idée, selon un sondage de Transparency International publié en Juin 2009, plus de la moitié des camerounais questionnés ont reconnu avoir corrompu sur les douze mois précédents. La corruption est courante dans diverses situations : lors d’éventuelles démêlées avec des hommes en uniforme, pour l’accès à des services de santé et même dans le système éducatif. Ce dernier cas donne d’ailleurs lieu à une dérive : à la place des sous, certains enseignants exigent des moments d’intimité avec leurs étudiantes contre la réussite scolaire.Le front anticorruption en Afrique ne doit donc plus qu’être politique mais également social. L’avenir du continent en dépend.