Sénégal : la liberté d’expression en prison
Au Sénégal, spéculer sur la santé d’Abdoulaye Wade peut coûter très cher. Mame Marie Faye, une femme médecin de Dakar, en a fait l’amère expérience. Cette ophtalmologiste de formation a été mise aux arrêts pour avoir remis en question l’état de santé du président sénégalais. En fin Novembre, elle avait affirmé publiquement qu’à cause de la maladie, le chef de l’Etat sénégalais ne peut plus assumer convenablement ses responsabilités politiques. Du tic au tac, la présidence s’était limitée à commenter cette déclaration en la jugeant de ridicule. On croyait que l’affaire était close. Mais, quelques temps plus tard, la Division des Investigations Criminelles de Dakar a finalement interpellé la praticienne, laquelle a été ensuite entendue début décembre et jugée au Tribunal des flagrants délits. Après la procédure, le verdict est tombé : conformément aux dispositions des articles 80 et 255 du Code pénal sénégalais, Mame Marie Faye a été condamnée à un an de prison avec sursis assortie d’une amende de 500 000 FCFA pour « diffusion de nouvelles non véridiques tendant à discréditer le président ». Pourtant, ce dernier avait prétendu qu’il n’y aurait pas de poursuites judiciaires à la suite des déclarations le visant. Etayant récemment son arbre généalogique dont les figurants se caractérisent par leur longévité hors pair à l’instar de son père qui aurait vécu 101 ans ou, encore mieux, sa grand-mère, décédée à l’âge de 121 ans, Wade, candidat déclaré aux élections présidentielles de 2012, année où il aura 85 ans, estimait les raisons sanitaires nullement valables de l’empêcher de briguer un nouveau mandat. En tout cas, le moins qu’on puisse dire, c’est que l’annonce de cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe qui a sûrement affecté la démocratie sénégalaise.