Sahara Occidental : le hooliganisme s’invite dans la partie
A l’issue d’un match de football sous haute tension à Dakhla, au sud du Maroc, des affrontements violents entre supporters ont fait sept morts dont deux policiers. Ce drame est aujourd’hui l’objet d’une tentative de récupération par le Front Polisario, qui dispute au Maroc la souveraineté du Sahara Occidental. Refusant que des actes de hooliganisme puissent être instrumentalisés à des fins politiques, Rabat est décidée à faire la lumière sur cette mystérieuse affaire.
C’est l’une des vidéos qui fait le plus de « buzz » en ce moment sur Internet, l’on y voit un stade de football turc où les hommes ont été bannis par décision judiciaire et où près de quarante mille supportrice déchainées encouragent leur club favori, le Galatasaray.
A Dakhla, peut être que la justice marocaine aurait également du interdire aux hommes l’accès au stade lors du match qui s’est déroulé samedi dernier, car le bilan humain de ce qui devait être une rencontre sportive est tous simplement effarant. En effet, une fois le match terminé, des affrontements entre supporters rivaux ont entraîné le décès de sept personnes, dont certaines ont été victimes de véritables « rodéos automobiles » où des conducteurs ont lancé à toute vitesse leur véhicule sur la foule, dans une volonté manifeste de blesser et tuer aveuglément.
Quelques heures après le drame, le ministre marocain de l’intérieur, Moulay Taïeb Cherkaoui, soucieux d’éviter l’embrasement, s’est rendu sur les lieux afin de calmer les esprits et de lancer les investigations sur les causes qui ont conduit au drame.
Or, au même moment, le Front Polisario, qui milite pour l’indépendance du Sahara Occidental, multiplie les communiqués afin de dénoncer les « attaques sauvages » qu’auraient subies ses « sympathisants », tentant ainsi de lier ces actes de hooliganisme au conflit du Sahara Occidental . Le mouvement indépendantiste franchit un palier supplémentaire en affirmant que les supporters blessés seraient en réalité des indépendantistes dont Rabat aurait froidement orchestré l’élimination. Bien que cette version des faits ne résiste pas un seul instant à un examen des faits, cette surenchère du mouvement indépendantiste interpelle à plus d’un titre.
En effet, peut-être faut-il lire dans cette tentative de récupération d’actes de hooliganisme le souhait de retrouver un peu d’ « air », après que le Front Polisario aie été gravement mis en cause par l’OTAN pour son envoi de mercenaires auprès de l’ami de toujours, le colonel Kadhafi ? Peut être que le Polisario, que l’on dit en proie à de graves dissensions internes, souhaite-t-il également faire oublier l’implication de ses militaires dans un règlement de comptes au Mali sur fond de querelle de narcotrafiquants ? Enfin, doit-on voir dans cette escalade la crainte pour le mouvement de se retrouver encore plus isolé, n’ayant plus pour ultime soutien qu’une Algérie elle même insularisée dans un Maghreb post « Printemps arabe »?
La réponse à toutes ces questions se trouve en partie dans les camps de Tindouf, QG du mouvement du Polisario, mais également à Alger, parrain historique du mouvement, en proie à ses propres démons en ce moment et qui semble ne pas savoir quelle attitude adopter face à la montée de la contestation interne, malgré l’esquisse de timides réformes.