Tunisie : Coup de colère des blessés de la révolution de 2011
Quelques dizaines de Tunisiens, dont des victimes de la répression durant la révolution en 2011 ou leurs proches, se sont rassemblés jeudi en dépit du confinement, mais ils ont été empêchés de défiler sur l’avenue Bourguiba, lieu symbolique de la révolution.
Face à l’augmentation du nombre de décès qui atteint plusieurs dizaines par jour, le ministre de la Santé Faouzi Mehdi a indiqué lors d’une conférence de presse qu’il serait interdit de circuler entre 15H00 GMT et 05H00 GMT, de jeudi à dimanche. Un couvre-feu était déjà en vigueur de 19H00 à 05H00 GMT depuis octobre 2020. Le ministre a également décidé de suspendre les cours dans les écoles, lycées et facultés du 13 au 24 janvier.
Pour les manifestants, «c’est un confinement politique et non sanitaire», en réaction à l’important dispositif sécuritaire déployé jeudi dans le centre de Tunis, qui les a dispersés dans le calme.
Le 14 janvier 2011, Zine el-Abidine Ben Ali avait été chassé de Tunisie après 23 ans de règne sans partage, à l’issue d’une révolte populaire réprimée dans le sang.
Les blessés de la révolution, à l’initiative de cette marche de commémoration, réclament une reconnaissance officielle de la part des autorités, notamment via la publication de la liste définitive des morts et blessés au Journal officiel.
Cela leur donnerait droit à des réparations, mais aussi à une reconnaissance morale, en gravant dans le marbre cet épisode de l’histoire tunisienne, alors que s’enlisent les procès des responsables du ministère de l’Intérieur poursuivis pour des homicides en 2011.
En 2012, un bilan préliminaire des autorités avait fait état de 338 morts et 2.147 blessés. En octobre 2019, le Comité supérieur des droits de l’Homme a publié sur son site une liste de 129 personnes tuées et 634 blessées.
Amnesty a déploré jeudi l’«impunité» des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur poursuivis pour leur rôle dans la répression en 2011, appelant les autorités tunisiennes «à apporter des garanties pour que les personnes accusées d’homicide» et d’autres graves violations envers des manifestants pacifiques soient jugées.