Présidentielle en Guinée : Alpha Condé se défend d’être «un dictateur antidémocrate»
Le président guinéen Alpha Condé, qui briguera le 18 octobre un troisième mandat controversé, a assuré mardi qu’il était «un démocrate» et respecterait le verdict des urnes, alors que les tensions s’exacerbent à l’approche du scrutin.
Se défendant de vouloir «faire une présidence à vie», Alpha Condé, interrogé par France 24 et RFI, a fustigé ses détracteurs qui l’accusent de s’accrocher au pouvoir. «Je me suis battu pendant 45 ans, j’étais opposant, mes adversaires sont des fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. C’est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur antidémocrate!», a-t-il expliqué. Ancien opposant historique, M. Condé, 82 ans, premier président démocratiquement élu en 2010 après des décennies de régimes autoritaires en Guinée, a été réélu en 2015. Il a fait adopter, lors d’un référendum contesté en mars, une nouvelle Constitution qui maintient la limite de deux mandats présidentiels. Mais lui et ses partisans arguent que ce changement de loi fondamentale remet les compteurs à zéro, ses adversaires dénoncent eux « un coup d’Etat constitutionnel».
La semaine dernière, le président a appelé ses partisans à ne pas basculer dans la violence en vue des élections du 18 octobre, alors que les tensions politiques s’intensifient à l’approche du scrutin. «Il n’y aura jamais de guerre en Guinée» a-t-il déclaré dimanche devant ses soutiens, après avoir expliqué qu’il pensait que l’opposition se proclamerait vainqueur et irait se réfugier dans une ambassade, «en pensant qu’il y aura la guerre», alors que les tensions ethniques sont courant dans ce pays de 13 millions d’habitants.
La protestation contre une nouvelle candidature de M. Condé a mobilisé à différentes reprises depuis octobre 2019 des milliers de Guinéens. Ces manifestations ont été plusieurs fois durement réprimées et des dizaines de civils ont été tués lors de heurts. Dans un rapport début publié jeudi, Amnesty International a estimé que la répression des manifestations avait fait au moins 50 morts et dénoncé l’impunité des forces de sécurité. «Je ne prends pas Amnesty International au sérieux. Ils font des enquêtes à charge, des rapports unilatéraux», a rétorqué mardi le président guinéen.