Une loi controversée sur la cybercriminalité au Kenya dénoncée par des ONG
Des défenseurs de la liberté de la presse ont exprimé mercredi leur inquiétude après la promulgation au Kenya, d’une loi sur la cybercriminalité destinée à prévenir la propagation des « fake news » (fausses nouvelles), et le harcèlement en ligne, mais certaines dispositions de la nouvelle loi, remettent en cause la liberté de la presse.
La Loi promulguée par le président Uhuru Kenyatta impose de strictes amendes et peines de prison pour piratage informatique, fraudes sur ordinateur, falsification de données, cyber-espionnage, pédopornographie ou tout envoi en ligne de contenu pornographique.
Elle prévoit également que toute personne reconnue coupable d’avoir diffusé de fausses informations « destinées à créer, ou ayant pour résultat, la panique, le chaos ou la violence », ou qui « risquent de porter atteinte à la réputation d’une personne », puisse écoper d’une amende de 50.000 dollars ou d’une peine de prison de 10 ans.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) avait la semaine dernière appelé le président Kenyatta à ne pas promulguer cette loi, en arguant qu’elle permettait trop facilement aux autorités de faire taire les journalistes qui leur déplaisent.
D’un autre coté, des blogueurs et défenseurs de la liberté de la presse s’inquiètent au sujet d’un article de la loi, qui prévoit une amende de 50.000 dollars (42.000 euros) et/ou deux ans de prison pour la publication de « données fausses, trompeuses ou fictives ».
Selon Article 19, organisation de défense de la liberté de la presse basée à Londres, la loi « contient (aussi) plusieurs infractions définies de manière large, avec des peines sévères, qui pourraient radicalement affecter la liberté d’expression en ligne au Kenya ».
Les activistes dénoncent un environnement de plus en plus hostile pour les journalistes au Kenya depuis la dernière campagne électorale et la réélection en octobre 2017 de M. Kenyatta.
En janvier, les trois principales chaînes de télévision privées du pays avaient été suspendues pendant une semaine pour avoir tenté de couvrir l’investiture symbolique du chef de l’opposition, Raila Odinga.