Macron invité à reconnaître la responsabilité de la France dans le génocide du Rwanda
L’association française Survie a demandé ce jeudi au président français, Emmanuel Macron de «reconnaître enfin la responsabilité de la France» dans le génocide de 1994 au Rwanda, ayant couté la vie à environ 800.000 personnes, en déposant symboliquement, une caisse d’armes renvoyées à son expéditeur, devant l’ancien siège du ministère français de la Défense à Paris.
«On demande à Emmanuel Macron de reconnaître officiellement que la France a soutenu le régime génocidaire, avant, pendant et après les massacres » au Rwanda, a déclaré Thomas Borrel, membre de l’association Survie, en livrant, déguisé en facteur, cette caisse d’armes factice aux couleurs de la France.
Le 6 avril 1994, environ 800.000 personnes issues principalement de la minorité tutsie, ont été tuées au Rwanda, en trois mois au cours des massacres déclenchés au lendemain de l’attentat qui a coûté la vie au président hutu Juvénal Habyarimana, selon un décompte de l’ONU.
L’association Survie a déposé en novembre 2015 une plainte contre plusieurs responsables français, pour complicité au génocide au Rwanda. Après son classement sans suite, une deuxième plainte déposée en juin 2017, a déclenché l’ouverture d’une enquête au pôle crimes contre l’humanité à Paris.
«Le soutien de la France a été politique, médiatique, diplomatique et surtout militaire. Or, le plus visible dans le soutien militaire, ça a été la livraison d’armes au gouvernement du génocide », a affirmé jeudi Thomas Borrel.
Dans une tribune publiée en mars par le quotidien Le Monde, le Collectif des parties civiles pour le Rwanda, Ibuka France et Survie ont demandé au président français l’ouverture complète des archives classifiées secret-défense et la libération de la parole des militaires et fonctionnaires de l’époque.
Le président rwandais Paul Kagame, arrivé au pouvoir après le génocide, accuse aussi les autorités françaises d’avoir soutenu le pouvoir hutu et d’avoir été un des acteurs de ce carnage, alors que Paris a toujours catégoriquement démenti toute implication dans les massacres.
En 2010, le président français Nicolas Sarkozy avait cependant, reconnu à Kigali de «graves erreurs d’appréciation» de Paris, qui a soutenu jusqu’au bout le régime du président Habyarimana, et une « forme d’aveuglement », sans toutefois présenter d’excuses.