L’ONU dénonce les violences contre les journalistes au Soudan du Sud
Les Nations unies ont répertorié, dans un rapport publié jeudi, 60 incidents prenant pour cibles les journalistes au Soudan du Sud, ce qui induit «une réduction de l’espace accordé au débat et à la dissidence».
Dans ce pays en guerre civile depuis décembre 2013, des journalistes ont été tués, battus, détenus ou limogés pour avoir fait leur travail selon l’ONU.
La Mission de l’ONU au Soudan du Sud (Minuss) et le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme qui ont travaillé dans ce pays entre juillet 2016 et décembre 2017, ont confirmé 60 incidents sur 99 allégués ayant affecté 102 personnes. Parmi celles-ci, deux ont été tuées, 58 arrêtées arbitrairement et 16 limogées, alors que l’ONU évoque aussi «des intimidations, des harcèlements et d’autres formes de violence».
David Shearer, le chef de la Minuss, a déclaré lors d’une conférence de presse ce jeudi à Juba, que ces incidents traduisent «une réduction de l’espace accordé au débat et à la dissidence».
Des responsables sud-soudanais de la sécurité sont à l’origine de la majorité de ces incidents, indique le rapport. «Ceux qui ont été visés étaient considérés comme critiques envers le gouvernement, et accusés de ternir la réputation du pays», a soutenu Shearer.
Neuf organisations médiatiques ont fait face à des restrictions, trois ont été fermées ou suspendues, quatre sites internet bloqués et huit articles censurés, selon la même source. En conséquence, les médias au Soudan du Sud ont de plus en plus tendance à s’autocensurer, par peur de représailles, ajoute la même source.
La grande majorité de ces incidents établis, concernent des journalistes sud-soudanais, mais des correspondants étrangers ont également été visés. Une vingtaine de journalistes étrangers se sont par ailleurs vu refuser l’entrée dans le pays après avoir publié des articles que le gouvernement n’a pas appréciés.
Les enquêteurs de l’ONU auteurs du rapport ont notamment été empêchés de voyager dans des zones tenues par des rebelles pour y vérifier certaines allégations. Dans les zones contrôlées par le gouvernement, les enquêteurs ont conclu que «deux-tiers des incidents vérifiés» sont imputables aux forces de sécurité (armée, police, renseignements).