Tchad-Grève : Dix partis de l’opposition suspendus pour «troubles à l’ordre public»
Dix partis tchadiens de l’opposition qui ont soutenu un appel des syndicats à manifester mardi, ont été suspendus pour deux mois pour «troubles à l’ordre public» et «incitation à la violence», selon un communiqué du ministre tchadien de la Sécurité, Ahmat Mahamat Bachir.
Le 29 janvier, les syndicats avaient déclenché une grève générale et illimitée des fonctionnaires à la suite de la réduction des salaires des agents de l’Etat et l’augmentation de l’impôt sur le revenu.
Mardi matin, les militants de quatre coalitions de partis, qui ont appelé à une marche contre les mesures d’austérité et les entorses aux droits de l’homme, ont décidé de braver l’interdiction de marcher qui leur a été notifiée par le ministre de l’Intérieur.
Les habitants ont été invités à taper sur des ustensiles pour exprimer leur mécontentement. Les manifestations de colère ont débordé dans les rues, où la police a tiré sur la foule et procédé à de nombreuses arrestations.
Bachir, qui avait averti mardi que les partis qui «tenteraient de défier l’autorité de l’Etat» seraient suspendus, a mis sa menace à exécution en suspendant «pour une durée de deux mois», les activités de dix partis politiques de l’opposition, selon un communiqué du ministère de la sécurité.
Parmi les dix partis suspendus, figure le Parti démocratique du peuple tchadien (PDPT) du député Djimet Clément Bagao, leader politique de la marche avortée de mardi.
Malgré les menaces des autorités, des organisations de la société civile soutenues par des syndicalistes et quelques membres de l’opposition prévoient ce jeudi à N’Djamena, une «marche pacifique» sous le signe : «jeudi de la colère».
Par ailleurs, les syndicats ont durci la grève mercredi en demandant aux établissements de santé publique de suspendre leur service minimum, alors que la plupart des administrations et établissements du service publics sont déjà paralysés par une grève générale.
Cette grogne sociale généralisée, soutenue par l’opposition, qui fait suite aux mesures d’austérité mises en œuvre par le gouvernement pour redresser la grave crise économique que traverse le pays pétrolier depuis 2014, a pris des allures de fronde contre le président Idriss Déby Itno au pouvoir depuis 1990. La crise économique au Tchad est liée en grande partie, à la chute mondiale du prix du baril.