L’opposition et la société civile dénoncent un impôt «volontaire» pour financer les élections de 2020 au Burundi
Au Burundi, une contribution «volontaire» de la population, censée financer les élections de 2020, mais imposée par le gouvernement burundais, est décriée par l’opposition et les ONG qui l’appréhendent comme un «vol organisé» dans ce pays plongé depuis plus de deux ans dans une profonde crise politique.
Le président burundais Pierre Nkurunziza avait lancé le 7 août la campagne de contribution «volontaire» aux élections de 2020 en déposant 5 millions de francs burundais (2.400 euros) en liquide.
Selon l’ordonnance ministérielle présentée lundi, un paysan doit contribuer à hauteur de 2.000 francs burundais (0,95 euros) par an et un étudiant ou un élève (du secondaire) en âge de voter (18 ans) 1.000 f par an. Les fonctionnaires seront prélevés chaque mois pendant deux ans (de janvier 2018 à fin décembre 2019) à la source d’une somme variable selon leur revenu.
Pour la 3e catégorie dénommée « autres », qui comprend notamment ceux qui travaillent dans le privé, les ONG, les confessions religieuses ou la diaspora burundaise, « leur contribution sera guidée par leur propre volonté et par le sens patriotique de chaque contributeur », peut-on lire dans ce texte.
Cette ordonnance du gouvernement est perçue par l’opposition comme un « vol organisé ». L’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), une des principales ONG burundaises militant pour une bonne gouvernance, a parlé également d’ «un véritable impôt qui ne dit pas son nom, qui est totalement injuste et illégal et qui est tout, sauf volontaire».
La campagne du référendum sur la réforme de la Constitution devait s’ouvrir mardi, selon le ministère de l’Intérieur. Ce référendum pourrait avoir lieu début février et la réforme prévoit que le président Nkurunziza pourrait briguer dès 2020 deux nouveaux mandats de sept ans.Le Burundi est en crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.La nouvelle session du dialogue burundais de sortie de crise, ouverte le 28 novembre à Arusha (nord de la Tanzanie) en l’absence de l’opposition en exil, s’est clôturée sans aucun accord, selon des participants.