Nigeria : le président du Sénat sera jugé de nouveau pour corruption
Les juges de la Cour d’appel d’Abuja ont décidé mardi d’un nouveau procès pour corruption contre le président du Sénat nigérian, troisième personnage de l’Etat.
Bukola Saraki doit être jugé pour de fausses déclarations concernant ses revenus pendant qu’il était gouverneur de l’Etat de Kwara (ouest), de 2003 à 2011. Il devra ainsi, selon les juges, «s’expliquer» au sujet des moyens financiers qui lui ont permis d’acheter une maison à Lagos et deux autres à Abuja.
Figure importante du All Progressives Congress (APC, parti au pouvoir), M. Saraki, 54 ans, avait été acquitté en juin de 15 chefs d’accusation sur 18 par le Tribunal du code de conduite, une cour spéciale chargée de juger les dossiers de fausses déclarations de patrimoine et de revenus. Il avait employé une armada de 66 avocats pour se défendre.
Mais l’Agence anti-corruption du pays (Commission des crimes économiques et financiers, EFCC) avait fait appel et la Cour a estimé mardi que le président du Sénat devait répondre des trois dernières accusations sur lesquelles la précédente juridiction ne s’était pas prononcée.
Saraki avait été déféré en justice en février 2016, six mois après avoir été élu à la tête du Sénat, la plus haute Chambre parlementaire au Nigeria. Selon l’accusé, ces poursuites pour corruption étaient politiquement motivées.
Le président Buhari a lancé une vaste campagne pour tenter d’éradiquer la corruption généralisée qui mine le fonctionnement de l’administration nigériane. Mais ses détracteurs l’accusent de mener une chasse aux sorcières visant surtout des membres de l’opposition et du gouvernement de l’époque de Goodluck Jonathan.
La semaine dernière, un juge de la Haute cour fédérale de Lagos a ordonné la saisie de deux appartements valant plusieurs millions de dollars et appartenant à l’ex-ministre nigériane du Pétrole Diezani Alison-Madueke, dans une nouvelle affaire de corruption touchant cette proche de l’ancien président.
Mme Alison-Madueke, qui fut la première femme à diriger l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, est au centre de plusieurs enquêtes pour blanchiment d’argent et corruption aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou encore en Italie.
Selon la loi nigériane, les hommes politiques de haut rang (notamment les gouverneurs) ont l’obligation de révéler leur patrimoine et leurs biens lorsqu’ils entrent en fonction.