L’immigration largement débattue à l’ouverture du 5ème Sommet UA-UE
Avec le scandale international né de la diffusion d’images de marché aux esclaves en Libye, la question de l’immigration s’est imposée comme le thème majeur du 5ème sommet Union européenne-Union africaine qui réunit à Abidjan ces mercredi et jeudi, environ 80 chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que 5.000 délégués.
En ouvrant les travaux autour du thème principal du sommet qui est «investir dans la jeunesse pour un avenir durable», le président ivoirien Alassane Ouattara a appelé mercredi les jeunes à ne pas tenter d’émigrer au péril de leurs vies, leur promettant que leurs conditions de vie seront améliorées.
Ouattara a aussi appelé l’Union africaine et l’Union européenne «à mettre fin aux traitements inhumains en Libye», où, a-t-il déploré, prévaut «une situation totalement inacceptable qui nous rappelle les pires heures de l’histoire de l’humanité». Il a de même appelé Africains et Européens à « intensifier les efforts pour démanteler les réseaux de passeurs ».
De son côté, le Roi du Maroc Mohammed VI, en sa qualité de Leader de l’Union Africaine sur la question de la migration, a adressé aux Chefs d’Etat et de gouvernement présents au sommet d’Abidjan, un message dédié en grande partie à la problématique de la migration en Afrique et à ses solutions.
La migration «ne doit pas être perçue sous un angle idéologique, passionnel, voire xénophobe», a prévenu le souverain, rappelant que les relations entre l’Afrique et l’Europe «ont, de tout temps, été marquées par les déplacements humains et les flux migratoires. Des dizaines de milliers de migrants africains essayent chaque jour de rejoindre l’Europe, souvent au péril de leur vie».
”Aujourd’hui, une nouvelle vision s’impose : il s’agit de faire de l’immigration un sujet de débat apaisé et d’échange constructif’’, a suggéré le Roi du Maroc qui a su gérer habilement et humainement les flux migratoires subsahariens dans le Royaume.
Le même son de cloches chez le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres qui a martelé que «tous les pays ont le droit et l’obligation de gérer leurs frontières dans le respect des conventions internationales et des droits des migrants».
Le chef de l’État guinéen, président en exercice de l’UA Alpha Condé a pour sa part, dénoncé des «faits intolérables» en Libye où, a-t-il dit, «la communauté internationale doit prendre des mesures fermes».
Pour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, «ce sommet doit être le point de départ d’une action résolue contre cette tragédie» de l’immigration et ses conséquences, comme la traite de migrants en Libye.
Près de 60% de la population africaine qui a quasiment doublé ces 25 dernières années passant à 1,2 milliard d’habitants actuellement, ont moins de 25 ans, et des centaines de milliers de jeunes désespérés par le chômage, la pauvreté et l’absence de perspectives dans leurs pays en dépit de taux de croissance économique enviables pour certains d’entre eux, tentent chaque année d’émigrer vers l’Europe.