L’opposition algérienne accuse le pouvoir de multiplier les entraves à sa candidature aux élections locales
Plusieurs partis algériens de l’opposition ont pointé du doigt le pouvoir, qu’ils accusent de vouloir contrôler les assemblées locales, dénonçant le rejet «arbitraire» de nombre de leurs listes de candidatures pour les élections municipales et départementales du 23 novembre prochain.
Ces dénonciations émanent des laïcs du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), des formations islamistes -dont le Mouvement de la société pour la paix (MSP)-, en passant par le Front des forces socialistes (FFS, gauche), plus vieux parti de l’opposition. Les leaders de ces formations ont fait état lors d’une conférence de presse, de candidatures ou listes invalidées pour des motifs qu’ils jugent «futiles ou fallacieux».
Selon ces partis d’opposition, les préfectures, chargées de réceptionner les dossiers, sont allées au-delà des dispositions du code électoral qui interdit d’être candidat en cas de «condamnation définitive» ayant entraîné une «privation de liberté».
Ainsi, déclare l’opposant Khelifa Hadjira, une soixantaine de candidats de l’alliance islamiste El Binaa-Ennahda-FJD ont été recalés, «certains pour des amendes impayées», d’autres pour «menace sur la sécurité», alors qu’ils ne font l’objet «ni de poursuites, ni de condamnation» et avaient tous pu se présenter en mai aux législatives.
Hassen Ferli, responsable de la communication du FFS, et Yassine Aissiouane, député du RCD ont déploré que les accusations d’«atteinte» ou «menace à la sécurité de l’Etat» aient été invoquées pour écarter plusieurs candidats alors que les concernés n’ont jamais été inquiétés par la justice.
Les préfectures auraient également usés d’une disposition de la loi électorale de 2016, qui impose aux listes de partis ayant obtenu moins de 4% des voix aux précédentes élections de recueillir le «parrainage» de 50 électeurs par siège, une première dans des scrutins locaux. Une disposition, qui pénalise les partis dont l’électorat se concentre dans quelques bastions, car ils devaient donc recueillir dans de très nombreuses circonscriptions où leur base est faible de 650 à 2.150 signatures par commune et de 1.750 et 2.750 par département.
En Algérie, seuls le FLN, parti du président Abdelaziz Bouteflika et son allié, le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre Ahmed Ouyahia, disposent d’une assise et d’un maillage national. Lors des locales de 2012, à eux deux, ils avaient raflé la majorité des sièges.