La Commission électorale kényane admet «une série d’erreurs commises par son équipe»
Dans une lettre « confidentielle » datée de mardi, envoyée à son directeur exécutif et divulguée ce jeudi par la presse, le président de la Commission électorale kényane a admis l’existence de défaillances dans la conduite de l’élection présidentielle du 8 août, invalidée par la justice.
C’est toute une liste d’erreurs commises par son équipe dans l’organisation des élections qu’a listé le président de la Commission électorale (IEBC), Wafula Chebukati, dans la lettre adressée son directeur exécutif, Ezra Chiloba, pour des explications.
M.Chebukati s’étonne ainsi que certains procès-verbaux de bureaux de vote ne présentaient pas les signes d’authentification prévus par l’IEBC alors que la commission avait dépensé 848 millions de shillings (6,7 millions d’Euros) pour équiper en téléphones satellitaires les bureaux de vote non couverts par le réseau téléphonique national.
Il s’interroge aussi sur le fait qu’un compte avec un identifiant et un mot de passe en son nom, créé sans son accord et sans qu’il en ait eu connaissance, ait été utilisé 9.934 fois pour accéder au système informatique de l’IEBC.
L’autre grief contre son directeur exécutif concerne les résultats de 10.366 des 40.883 bureaux de vote qui ont été envoyés par simple SMS, sans être accompagnés des formulaires censés faire foi. Il note que cela porte sur plus de 4,6 millions de votants sur les 19,6 millions d’inscrits.
Il fait également cas de l’utilisation d’un serveur « poreux », posant un « clair risque sécuritaire », dans la transmission électronique des procès-verbaux par des circonscriptions.
Sur ce dernier point, le président de la commission électorale rejoint l’opposant Raila Odinga qui n’avait pas ménagé ses critiques, mardi, envers le système électronique de la commission, dont il avait demandé un audit.
Saisie par l’opposition, la Cour suprême du Kenya avait invalidé le 1er septembre la réélection du président sortant Uhuru Kenyatta en raison d’«irrégularités» relevées dans la transmission des résultats, assurant que l’IEBC avait «échoué, négligé ou refusé» de conduire les élections conformément à la loi.
Et depuis l’invalidation du scrutin, une guerre larvée oppose M. Chebukati et son directeur exécutif, Ezra Chiloba. Le premier a nommé mardi six personnes chargées d’organiser le nouveau scrutin du 17 octobre, écartant de fait, certains hauts responsables de l’IEBC. Parmi ces derniers, Ezra Chiloba, qui conteste cette décision.