Manifestation et grève à Cotonou contre les réformes économiques de Talon
Les syndicats du port de Cotonou, poumon économique du pays, ont entamé une grève de deux jours contre ce qu’ils appellent une «privatisation déguisée», en référence, à un appel public à candidature lancé le 19 mai pour le recrutement du mandataire pour la gestion du port.
La présidence assure qu’« il ne s’agit ni d’une privatisation, ni d’une concession», et que le mandataire restera soumis à un «cahier des charges» sous la tutelle du ministère des Transports. Mais les syndicats de la plateforme portuaire, une société publique, disent craindre pour l’emploi.
Ce même jeudi, près d’un millier de personnes ont manifesté jeudi à Cotonou pour protester contre la «mauvaise gouvernance» du président Patrice Talon, à l’appel d’une coalition de partis d’opposition et de mouvements de la société civile.
Selon le secrétaire général d’un parti d’opposition et l’un des meneurs de la marche organisée par le Front pour le sursaut patriotique, la mobilisation vise à rappeler «au président Talon que le peuple a faim et que la mauvaise gouvernance qui caractérise sa gestion énerve le peuple».
Cette marche de jeudi a d’abord été interdite la veille par le préfet du Littoral, Modeste Toboula, mais le président Talon a lui-même réclamé l’annulation de l’arrêté préfectoral. La présidence béninoise a indiqué dans un communiqué que «le chef de l’Etat précise que la liberté d’expression et d’opinion des Béninois reste une valeur cardinale».
Le président Patrice Talon, homme d’affaire prospère, élu en mars 2016, a promis de relancer l’économie béninoise, essentiellement basée sur l’agriculture et le commerce de transit vers les voisins comme le Niger et le Nigeria. Mais ses réformes libérales sont diversement appréciées. Dans le secteur de la santé, les agents du Centre national hospitalier universitaire (CNHU) de Cotonou ont manifesté, début juin, contre le risque de «privatisation» de l’établissement. D’autres mesures, comme la décision de déloger les vendeurs installés sur les trottoirs pour embellir la capitale, ont également été mal perçues par certains Béninois.