Le Mali étend à tous les fonctionnaires la déclaration du patrimoine
L’Etat malien a décidé d’étendre la déclaration du patrimoine à tous les fonctionnaires, qui ont jusqu’à la fin du mois d’août 2017, pour déclarer leurs biens. La mesure concernait jusque-là, les ministres et hauts fonctionnaires.
Selon Moumouni Guindo, président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLCEI), organe en charge de la lutte contre la mauvaise gouvernance et la corruption, ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’une lutte «contre l’enrichissement illicite».
Elle vise les hauts fonctionnaires, les « 55.000 fonctionnaires, y compris les contractuels», ainsi que les agents de la fonction publique territoriale, qui « ont jusqu’à fin août pour faire une déclaration de biens», sous peine d’être révoqués de leurs fonctions et interdits d’exercer pendant cinq ans, a indiqué Guindo, un magistrat nommé en mars à la tête de l’OCLCEI, organe d’Etat qui peinait à fonctionner depuis sa création en 2014.
Les agents de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite vont mener des investigations pour savoir si les biens ont été légalement acquis. « Nous allons mettre en place des équipes d’investigations, pour que par un clic nous puissions savoir pour X fonctionnaire quel a été le salaire en totalité que l’Etat lui a versé depuis qu’il a été admis à la fonction publique. D’un autre côté, nous allons évaluer son patrimoine, une simple comparaison fera ressortir les cas. Et c’est à lui de démontrer que cet écart-là est légitime», a expliqué Guindo.
La loi prévoit jusqu’à cinq ans de prison en plus de la saisie des biens des fonctionnaires reconnus corrompus. La société civile et plusieurs ONG décrivent la mauvaise gouvernance et la corruption comme l’un des problèmes handicapant le développement au Mali.
L’hebdomadaire « Le Sphinx » a affirmé en avril que Karim Keïta, fils du président malien, député et président de la commission Défense de l’Assemblée nationale, avait aidé un homme d’affaires malien à échapper à la justice et qu’il a acheté un hôtel à Bamako pour un coût de 4 milliards de FCFA (plus de 6 millions d’euros).
Keita qui réfute ces informations a déposé une plainte en justice contre l’organe de presse pour diffamation.