Le Zimbabwe lance sa nouvelle monnaie
Le Zimbabwe a lancé ce lundi sa nouvelle monnaie qui devrait pallier au manque criant de liquidités qui asphyxie son économie. Mais cette nouvelle monnaie est aussitôt vivement contestée dans un pays encore traumatisé par l’hyperinflation dévastatrice du début des années 2000.
Attendus depuis plusieurs semaines, les premiers « billets d’obligation » de 2 dollars et « pièces d’obligation » d’un dollar – selon leur dénomination officielle – ont finalement fait leur apparition chez les habitants et les commerçants de la capitale Harare.
Bien qu’étant indexées sur le dollar américain, ces pièces et petites coupures émises par la Banque centrale du Zimbabwe ont été timidement accueillies aussi bien par les commerçants que par leurs clients.
« Je vais accepter les paiements en ‘billets d’obligation’, mais la question est de savoir ce que je vais en faire car certains magasins les refusent », s’est inquiété un chauffeur de taxi, Lewis Mapira.
Malgré une vaste campagne d’information officielle, la nouvelle monnaie suscite des craintes au sein de la population, les zimbabwéens redoutent une nouvelle flambée des prix comparable à celle qui les avait ruinés au début des années 2000.
Pour calmer les esprits, le gouvernement de Robert Mugabe, avait alors abandonné sa devise privée de toute valeur, le dollar zimbabwéen, au profit du dollar américain et du rand sud-africain.
Mais il se trouve aujourd’hui à court de dollars et a décidé d’injecter des « billets d’obligation » pour tenter de relancer sa machine économique, au bord de l’assèchement.
Dans l’immédiat, la Banque centrale a prévu de mettre en circulation l’équivalent de 12 millions de dollars sous forme de « billets et pièces d’obligation ». Mais l’introduction de cette nouvelle monnaie a ravivé la fronde dirigée contre Robert Mugabe qui a agité le pays ces derniers mois.
Près des trois-quarts des 16 millions de Zimbabwéens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté et 90% de la population active n’a pas d’emploi formel.