Gambie : Protestations internationales après un nouveau décès d’un opposant en prison
Un autre membre de l’opposition gambienne arrêté le 9 mai dernier, est décédé ce week-end dans une prison du pays, selon des sources concordantes, portant à deux le nombre d’opposant décédés en détention depuis le début de cette année.
La situation suscite l’inquiétude de la communauté internationale à quatre mois de l’élection présidentielle en Gambie.
«Nous sommes allés cet après-midi (lundi) à la morgue de l’hôpital Edward Francis Small pour confirmer la mort d’Ebrima Solo Kurumah, décédé pendant le week-end» pour «s’assurer qu’une autopsie sera réalisée avant que le corps ne soit rendu à la famille pour l’enterrement», a déclaré Dembo Bojang, un dirigeant du Parti démocratique Uni (UDP).
Le département d’Etat américain s’est déclaré dans un communiqué diffusé lundi soir, «profondément inquiet» par ce décès qui serait intervenu le 20 août, appelant à «une enquête indépendante sur toutes les allégations crédibles de torture» et à la «libération immédiate de tous les prisonniers politiques».
Lui emboîtant le pas, la diplomatie française a réclamé ce mardi une «enquête indépendante» sur la mort d’Ebrima Solo Kurumah, un cadre du Parti démocratique uni, ainsi que sur un décès en avril dernier, dans les mêmes circonstances de l’autre dirigeant du même parti, Solo Sandengen.
A l’instar des Etats-Unis, le Quai d’Orsay demande également la «libération de l’ensemble des prisonniers politiques» en Gambie et juge «particulièrement inquiétantes (…) les allégations de recours à la torture dans ce pays», a déclaré son porte-parole, Romain Nadal, dans un communiqué.
Le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a également «déploré» ce décès, révélant que, selon ses informations, l’opposant «était mort après avoir été hospitalisé pour une opération chirurgicale. Il se serait vu refuser une assistance médicale à plusieurs reprises pendant sa détention».
Le porte-parole du Haut Commissariat, Cécile Pouilly exhorte les autorités gambiennes à «enquêter sur la mort en détention de MM. Sandeng et Kurumah ainsi que sur les allégations de refus d’assistance médicale aux détenus».
Le régime du président Yahya Jammeh au pouvoir depuis 1994 à la faveur d’un coup d’Etat, est accusé par des ONG et le département d’Etat américain de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits humains, accusations qu’il rejette régulièrement.