L’Allemagne veut s’excuser officiellement pour le « génocide » de son armée impériale en Namibie

L’Allemagne prévoit de présenter officiellement des excuses à la Namibie pour l’élimination systématique des indigènes issus des peuples Héréro et Nama par les troupes impériales allemandes il y a un siècle, a annoncé mercredi, le ministère allemand des Affaires étrangères.

« Nous avons pour objectif de parvenir à une déclaration gouvernementale commune (avec les autorités de Namibie) qui contiendrait une formulation commune sur les événements qui se sont produits et une excuse allemande qui serait acceptée par la Namibie et qui pourrait former la base d’une résolution des parlements» des deux pays, a indiqué à la presse Sawsan Chebli, une porte-parole du ministère allemand des A.E.

«Les deux parties espèrent que ces discussions seront achevées cette année», a-t-elle ajouté, soulignant que de telles excuses officielles n’impliquaient pas à ce stade, une indemnisation.

Pour Berlin, il s’agit désormais de «génocide» quant elle parle des massacres commis par l’armée impériale allemande en Namibie. Le terme «génocide» avait été déjà employé l’an dernier, par le président de la chambre des députés allemande, Norbert Lammert, avant d’être repris ce mercredi par le gouvernement.

Selon le président du Bundestag (chambre des députés),  l’Allemagne impériale a conduit en Namibie qui s’appelait à l’époque Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915), une «guerre raciale» pour réprimer un soulèvement Héréro.

Lammert a parlé de «dizaines de milliers de victimes Héréro et Nama, non seulement dans les combats mais aussi à cause de maladies et de mises à mort ciblées liées à la privation d’eau et de nourriture» et d’autres «morts dans des camps de concentration ou du travail forcé».

Révoltés par les exactions de l’administration coloniale qui les a privé de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance, Héréro s’étaient révoltés le 12 janvier 1904 et massacrés 123 civils allemands en raison de la pression croissante des colons allemands et des exactions de l’administration coloniale.

La guerre a culminé avec la bataille de Waterberg en août 1904 à environ 200 kilomètres de la capitale Windhoek. Les Héréro décidèrent de fuir vers l’est avec leurs femmes et enfants pour gagner le Botswana voisin, mais ils ont été pourchassés par les troupes allemandes qui n’ont laissé que 15.000 survivants sur près de 80.000 fugitifs.

Octobre 1904, le général Lothar von Trotha, commandant militaire de la colonie, décide d’exterminer les Héréro. Il décréte que « dans les frontières (coloniales) allemandes, tout Héréro avec ou sans arme, avec ou sans bétail, devait être abattu ».

Depuis 2011, l’Allemagne a restitué à la Namibie plusieurs dizaines de crânes de guerriers Héréro qui avaient été ramenés à Berlin pour des expériences censées prouver la supériorité des Blancs sur les Noirs.