Burkina Faso: le président Kaboré rassure l’opposition sur la commission constitutionnelle
Le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré a rencontré les chefs des partis de l’opposition jeudi avec lesquels il a évoqué les « questions nationales », en relation notamment avec la sécurité, l’économie, les violences post-électorales et surtout la rédaction de la nouvelle Constitution, dernier point de discorde entre pouvoir et opposition.
L’opposition était conduite par son chef de file, Zéphirin Diabré, arrivé deuxième lors de la présidentielle de novembre 2015. Après la publication du décret de création de la commission constitutionnelle, les opposants avaient menacé de boycotter la nouvelle structure si le président ne réécrivait pas le décret. Suite à la rencontre, le président Kaboré a promis un nouveau décret qui prendrait en compte les inquiétudes de l’opposition.
Le chef de l’Etat a assuré aux partis de l’opposition qu’il signerait un nouveau décret portant sur la création et le fonctionnement de cette commission et que les décisions sur le projet de nouvelle Constitution seront prises de manière « consensuelle », comme souhaité par l’opposition.
Cependant, Me Halidou Ouedraogo restera à la tête de la commission, même si certains articles seront modifiés. La délégation de l’opposition en a également profité pour dénoncer l’interdiction faite au président par intérim du parti de l’ancien président, Blaise Compaoré, de se rendre en Côte d’Ivoire.
Deux proches de Blaise Compaoré, aujourd’hui membres de l’opposition, ont récemment été empêchés de prendre leur vol pour la Côte d’Ivoire. Selon Zéphirin Diabré, cette mesure policière a été dénoncée auprès du chef de l’Etat qui a présenté ses excuses.
« Il n’est pas normal, dans un État de droit, un État qui n’est pas voyou, que des décisions de cette nature-là soient prises sans fondement juridique. Aucune autorité, quel que soit son niveau, quel que soit son titre et son pouvoir, n’a le droit, en dehors d’une décision de justice, d’interdire un citoyen de quitter le territoire national », a déclaré l’un des membres de la délégation de l’opposition.
Aucun dirigeant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) n’a participé à la rencontre avec le président qui a duré plus de deux heures. C’est la deuxième fois en l’espace d’une semaine que M. Diabré est reçu au palais de Kossyam. A l’en croire, ce genre de rencontres va s’inscrire dans la tradition et avoir désormais lieu au moins deux fois par an.