Maroc : Les islamistes de « Justice et Bienfaisance » en quête de positionnement
Une centaine de militants du mouvement islamiste marocain Al Adl Wal Ihsane (Justice et Bienfaisance), a tenté d’organiser dimanche matin, une marche à Casablanca, mais elle a été vite dispersée par les forces de l’ordre du royaume chérifien. Après l’échec de cette marche « non autorisée », les manifestants ont tenté de nouveau de tenir un sit-in en début d’après-midi, devant le siège du Parti Socialiste Unifié (PSU). Les choses auraient ensuite mal tourné, suite aux provocations des manifestants, les forces de l’ordre excédées les ont chargés. Les échauffourées entre manifestants et policiers ont fait une dizaine de blessés dans les deux camps. Plusieurs manifestants ont été interpellés puis relâchés un peu plus tard.
Ces incidents interviennent quatre jours après l’annonce de grandes réformes constitutionnelles par le Roi Mohammed VI. Des réformes qui ont été qualifiées par de nombreuses personnalités tant au Maroc qu’à l’étranger, d’historiques, voire même révolutionnaires. Dans son discours du 5 mars dernier, le souverain chérifien a en effet, pris de court les acteurs politiques du Royaume, mêmes ceux de la gauche traditionnelle, en cédant à travers ces réformes, certains pouvoirs de souveraineté qui seront désormais du ressort du chef du gouvernement et des élus.
Depuis le début des révoltes populaires arabes, l’association Al Adl Wal Ihsane, un mouvement islamiste interdit mais toléré, estime un spécialiste des questions islamistes, tente de se positionner dans le nouveau paysage géopolitique qui se dessine dans le Royaume chérifien. Dirigé par cheikh Abdessalam Yassine, 83 ans, un ancien inspecteur de l’enseignement, le mouvement islamiste qui a tout le temps, vécu à l’ombre, tente aujourd’hui de s’identifier au mouvement des jeunes contestataires marocains de Facebook. Il veut même s’accaparer les revendications sociopolitiques du mouvement des jeunes Facebookers baptisé «mouvement liberté et démocratie maintenant», dont une autre manifestation est annoncée pour le 20 mars courant.
Après l’annonce des nouvelles réformes constitutionnelles, la direction d’Al Adl Wal Ihsane qui revendique quelques 200. 000 adhérents, 30 à 40.000, chercherait ainsi à imposer sa présence sur la future carte de l’échiquier politique du pays. Pour la mouvance islamiste, c’est aujourd’hui ou jamais qu’elle doit soutirer son agrément des pouvoirs publics et pour y parvenir, tous les moyens sont bons.