Sénégal : Des avocats l’ex-président tchadien Habré font appel
Les avocats commis d’office pour défendre l’ex-président tchadien, Hissène Habré devant le tribunal spécial africain à Dakar, ont interjeté appel de sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Même si Habré qui récuse la juridiction devant laquelle il a refusé de se défendre ou de s’exprimer, n’a pas été consulté, cela est sans conséquence sur la tenue d’un procès en appel, ont assuré le porte-parole du tribunal, Marcel Mendy et l’un des avocats commis d’office, Me Mbaye Sène qui a assuré que «nous avons formalisé l’appel vendredi».
Le délai pour faire appel étant de 15 jours après le prononcé du verdict, les avocats de l’ex-président avaient jusqu’au 15 juin pour formaliser l’appel, vu que le verdict a été prononcé le 30 mai, a précisé Me Sène.
Interrogé sur l’éventuel consentement de l’accusé à cette démarche Me Sène a répondu «nous n’avons pas essayé de le contacter».
Marcel Mendy, le porte-parole des Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA) pour juger le président tchadien déchu, a confirmé l’information, indiquant que le procès en appel devrait se conclure en avril 2017.
«Il faut attendre que la Chambre actuelle finisse de traiter la question des intérêts civils (pour une éventuelle indemnisation des victimes, NDLR)», a-t-il dit, précisant que «la décision est attendue le 31 juillet 2016, donc c’est après cette décision-là que les juges qui vont siéger dans la Chambre d’appel seront désignés».
En cas de condamnation en appel, l’ex-président (1982-1990) purgera sa peine au Sénégal ou dans un autre pays membre de l’Union Africaine.
Les avocats qui ont été choisis par Hissène Habré, et qui ont boycotté le procès, conformément aux instructions de leur client, ont annoncé pour leur part une conférence de presse ce lundi à Dakar.
Le procès Habré est le premier au monde dans lequel un ancien chef d’État est traduit devant une juridiction d’un autre pays pour violations des droits de l’Homme. Une commission d’enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous le régime Habré, à 40.000 morts.