Côte d’Ivoire : l’Eglise catholique appelle à la libération des prisonniers politiques
Les évêques catholiques ivoiriens ont appelé ce dimanche à Yamoussoukro à la libération des prisonniers détenus dans le cadre de la crise postélectorale de 2010-2011, pour une véritable réconciliation dans le pays après une décennie de troubles politico-militaires.
Ils étaient des dizaines de milliers de chrétiens réunis à la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro, la capitale politique et administrative, dans le centre du pays, pour le pèlerinage national lancé par leurs évêques dans le cadre du Jubilé de la Miséricorde, une année sainte ouverte le 8 décembre 2015 par le pape François.
Arrivés samedi soir de toutes les contrées du pays, les catholiques ivoiriens se sont installés dans la basilique et sur les parvis de l’immense édifice pour une veillée rythmée par les enseignements, les prières et les chants.
« La réconciliation naturellement exige la libération des prisonniers dans le cadre du conflit advenu dans le pays, surtout que de ce point de vue, personne ne peut se dire innocent », a déclaré au nom des évêques ivoiriens Mgr Ignace Bessi Dogbo, l’évêque de Katiola au nord du pays.
Car « pour se réconcilier il faut être libre, pour être libre, il faut avoir la faculté d’aller et de venir sans être inquiété », a ajouté l’évêque ivoirien.
La Côte d’ivoire a connu une décennie de crise politico-militaire, marquée par une partition entre le Nord aux mains d’une rébellion et le Sud contrôlé par le camp de l’ex-président Laurent Gbagbo, et une crise postélectorale qui a fait plus de 3.000 morts selon l’ONU.
Si les camps Ouattara et Gbagbo sont tous accusés d’exactions, aucun responsable pro-Ouattara n’a à ce jour été inquiété, ce qui nourrit les accusations par l’opposition de justice des vainqueurs.
Le Front populaire ivoirien (FPI) d’opposition, le parti créé par M. Gbagbo dont le procès pour crimes contre l’humanité se poursuit à la Haye, parle de 300 personnes encore détenues, tandis que le gouvernement évoque entre 140 et 150 prisonniers, a qui il refuse l’appellation de prisonniers politiques..
« Le malaise est profond et il convient à présent de mettre un accent particulier sur les initiatives en faveur de la réconciliation », avait alerté en avril Mgr Siméon Ahouana, président de la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV).