Sud Soudan: La Banque centrale ne veut plus de la parité fixe avec le dollar
La Banque centrale du Soudan du Sud a cessé de fixer le taux de change de sa monnaie nationale, largement surévaluée, pour la faire passer ce mardi, au régime de change flottant, fixé par le marché.
Avant cette annonce, le taux fixé par la banque centrale tournait autour de 2,95 livres sud-soudanaises pour un dollar. Mais la monnaie sud-soudanaise s’échangeait au marché noir à plus de 18 livres pour un dollar, en raison de l’inflation galopante consécutive à deux années de guerre civile.
« Toutes les opérations de change devront (désormais) être effectuées au taux de change déterminé par le marché », a annoncé dans un communiqué la Banque centrale sud-soudanaise.
Le gouverneur de la Banque centrale KornelioKorim Mayik a prévenu que cette dévaluation de fait de la livre sud-soudanaise aurait « un impact négatif sur les bas revenus », ce qui pourrait avoir également des conséquences politiques.
La Banque centrale explique sa décision par «les dures réalités» auxquelles est confronté le pays, à savoir la guerre civile, qui a éclaté il y a exactement deux ans, et la baisse des revenus du pétrole (98% des revenus du pays) qui en découle.
Mayik a reconnu que la stabilité de la livre sud-soudanaise « pourrait être difficile à maintenir à court terme » en l’absence de « réserves adéquates de devises étrangères ».
La guerre civile, l’effondrement de l’économie et le manque de devises ont profondément affecté les Sud-soudanais. Le pays dépend pour la survie de sa population, de biens de première nécessité importés à des coûts très élevés, d’où la flambée des prix de la nourriture et de l’essence ces derniers mois.
La production de pétrole a extrêmement souffert de la guerre dans les deux Etats pétroliers d’Unité où elle est à l’arrêt total, et du Haut-Nil passant d’un maximum de 300.000 barils par jour avant le conflit à 165.000 actuellement. Le prix du baril a parallèlement chuté de 100 à 40 dollars, a indiqué le ministre des Finances, David Deng Athorbei. «En tant que pays presque entièrement dépendant des recettes pétrolières, ces chocs, a-t-il reconnu ont considérablement augmenté les déficits budgétaires ».
Le Soudan du Sud, le plus jeune État d’Afrique a proclamé son indépendance en juillet 2011, après des décennies de conflits avec Khartoum. Mais deux ans plus tard, le pays a replongé dans la guerre en raison de dissensions politico-ethniques au sein de l’armée, alimentées par la rivalité à la tête du régime entre le président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar.