l’Afrique à la traîne en matière de propriété intellectuelle
L’Afrique est un continent riche de nombreux savoirs traditionnels, mais elle reste à la traîne en matière de propriété intellectuelle alors qu’elle pourrait en tirer d’importants profits, ont estimé plusieurs intervenants à l’ouverture ce mardi à Dakar, d’une conférence de trois jours sur le sujet.
« La propriété intellectuelle pour une Afrique émergente» est le thème de cette conférence dont la présidente mauricienne, Ameenah Gurib-Fakim, est l’invitée d’honneur. Elle est co-organisée par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi, agence de l’ONU), l’Union africaine (UA), le Sénégal et le Japon, et rassemble plusieurs dizaines de panélistes, dont des ministres et de hauts fonctionnaires.
« De la civilisation pharaonique égyptienne à nos jours, il s’est constitué en Afrique un large éventail de traditions qui ont généré un patrimoine manufacturier, littéraire et artistique », a affirmé le Premier ministre sénégalais Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Il a estimé que « Si ce patrimoine était convenablement protégé et mis en valeur par les droits de propriété intellectuelle, (il) aurait constitué pour les pays africains un avantage comparatif certain dans le commerce international ».
Selon le dossier de presse, cetterencontre doit examiner les moyens pour l’Afrique de bénéficier au mieux d’une architecture internationale efficace de lois et de normes qui permettront aux particuliers, universités, entreprises, entre autres, de protéger et promouvoir leurs créations dans le monde.
Dans une conférence de presse tenue en marge de la conférence, Mme Gurib-Fakim, biologiste réputée et ex-directrice d’un centre de recherche, dans une comparaison avec ce qui s’est fait en Asie, a relevé la faiblesse des efforts en Afrique pour documenter les traditions orales, notamment pour les traditions thérapeutiques.
« En Asie, on a eu le recensement, la documentation, la codification des données traditionnelles indiennes, la documentation des médecines chinoises tandis qu’en Afrique, il n’y a pas vraiment eu ce sérieux de vouloir documenter des traditions orales », a-t-elle déploré.
Francis Gurry, le directeur général de l’Ompi, a déclaré pour sa part qu’il est très important d’établir des archives afin de pouvoir garantir la protection des traditions orales, parce qu’elles contiennent un réservoir de savoirs extrêmement riches.
Selon le dernier rapport de l’Ompi publié en mars dernier, en 2014 les demandes internationales de brevet, qui constituent un bon indicateur de l’activité économique, ont été au nombre de 215.000 (4,5% de plus par rapport à 2013) avec en tête de liste des principaux pays dépositaires, la Chine, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.