L’UE engage des consultations pour une éventuelle suspension de l’aide au Burundi
L’Union Européenne (UE) a invité ce lundi les autorités du Burundi à des consultations sur les atteintes à la démocratie dans ce pays secoué par une grave crise depuis le printemps dernier, première étape d’une procédure susceptible de conduire à la suspension de l’aide européenne au Burundi.
Au cours d’une réunion des ministres du développement à Luxembourg, les 28 pays de l’UE ont donné leur accord pour l’envoi d’un courrier au président burundais, Pierre Nkurunziza.
Selon un communiqué de l’UE, Cette lettre invite le Burundi à des consultations conformément à la procédure prévue par l’article 96 de l’accord de partenariat UE-ACP en cas de non respect des éléments essentiels de l’accord que sont les droits de l’homme, les principes démocratiques et l’Etat de droit.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a jugé que la situation au Burundi reste très préoccupante, selon un communiqué publié ce lundi.
La volonté acharnée du président Pierre Nkurunziza – élu en 2005, réélu en 2010 puis en juillet dernier – de conquérir un 3ème mandat, malgré les critiques de l’opposition, de la société civile, de l’Eglise catholique et de la communauté internationale, a plongé ce petit pays d’Afrique des Grands lacs dans une grave crise politique, émaillée de violences meurtrières.
« Nos consultations doivent aussi contribuer aux efforts de l’Union Africaine (UA) et de la région à lancer un dialogue inter-burundais pour trouver une issue consensuelle à la crise que traverse le pays. C’est la seule voie pour préserver la paix et consolider la démocratie et l’état de droit au Burundi », a insisté Mme Mogherini.
Dans la lettre, elle propose d’organiser ces consultations à Bruxelles à une date à convenir d’un commun accord. M. Nkurunziza a 30 jours pour y répondre, et les consultations doivent se dérouler dans les 120 jours suivants.
Selon un diplomate, au cas où ces consultations se passent mal, la sanction sera la suspension de la coopération, précisant cependant que seule l’aide aux projets du gouvernement, et non celle apportée directement à la société civile, serait alors concernée.
L’UE qui a prononcé, début octobre, des sanctions contre quatre personnalités burundaises en raison de leur implication dans la répression de manifestants contre la candidature de Nkurunziza pour un troisième mandat, est le premier donateur au Burundi. La Belgique, ancienne puissance coloniale et premier donateur bilatéral, a déjà suspendu une partie de son aide début octobre.