Le groupe français Bolloré relance le rail au Bénin
Après une longue hibernation, l’entreprise ferroviaire publique du Bénin est passée mercredi, sous contrôle public-privé, sous l’impulsion du groupe français Bolloré qui ambitionne de relier à nouveau par la voie ferrée, Cotonou, Niamey et Abidjan.
Dans l’atelier principal de l’Organisation Commune Bénin-Niger (OCBN), où s’entassent des wagons et des machines obsolètes, quelques centaines de cheminots assistent à une ultime assemblée générale. A partir de se 14 octobre, ils commencent à travailler pour Benirail, une nouvelle société détenue à 40% par le groupe Bolloré, 20% par le Bénin et le Niger. Les 40% du capital restants sont réservés à des investisseurs privés béninois et nigériens.
Mi-août, l’industriel français, le Bénin et le Niger avaient signé la convention de concession, de construction et d’exploitation de la ligne ferroviaire Cotonou-Niamey pour une durée de 30 ans.
Ce tronçon représente 1.000 des 3.000 kilomètres d’une boucle ferroviaire devant relier la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Une « aventure » pharaonique « à 2,5 milliards d’euros », évaluait en août Vincent Bolloré sur les colonnes des médias français.
L’investissement est hautement stratégique: le train représente le principal débouché maritime pour certains pays enclavés comme le Niger, le Mali et le Burkina Faso, mais également le moyen de transport le moins coûteux pour les industriels ivoiriens exportant vers l’hinterland.
Pour les salariés de l’entreprise publique OCBN tombée en déshérence, l’arrivée de Bolloré est un soulagement. Fin septembre dernier, l’entreprise française a payé 19 mois d’arriérés de salaires aux 629 employés au chômage forcé, ainsi qu’à une centaine de retraités. « Ça m’a paru un rêve. Quand je suis allé à ma banque, on m’a dit que l’argent était là », raconte Gilbert-Léonard Aïdofi, chef du service matériel roulant qui compte 20 ans d’ancienneté à l’OCBN.
Bolloré a aussi repris les 629 cheminots se rendaient tous les jours à leur poste, malgré les impayés et la faible ou absence d’activité. Le dernier train de voyageurs a circulé fin 2005. Il y a encore le fret mais cela faisait 10 ans que l’OCBN était en difficulté.
« Mauvaise gestion, matériel vieillissant, concurrence de la route. Les Etats ont laissé le chemin de fer à l’abandon », commente Arsène Adjovi, président de l’Inter-syndicat, créé en juin.