Burundi : Le 2e vice-président affiche son opposition à un troisième mandat
Le 2e vice-président du Burundi et membre éminent du parti au pouvoir, Gervais Rufyikiri a fui le pays et a trouvé refuge en Belgique, d’où il a appelé le président Pierre Nkurunziza à renoncer à un troisième mandat.
« J’ai quitté le Burundi parce que je n’étais plus capable de continuer à soutenir l’attitude du président de la République, sa volonté de conduire le peuple burundais sur la voie de l’illégalité », a-t-il déclaré mercredi soir, sur « France 24 », précisant qu’il a été plusieurs fois menacé à cause de ses opinions contraires à une nouvelle candidature du chef de l’Etat.
Cette nouvelle intervient quatre jours avant les élections législatives que l’opposition appelle à boycotter et dont la communauté internationale demande le report en raison de la grave crise que traverse le Burundi depuis l’annonce fin avril, de la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat.
Dans une lettre officielle, Rufyikiri a également appelé le chef de l’Etat à retirer cette candidature dans l’intérêt du peuple burundais, et pour éviter au pays une véritable crise socio-politique.
Déjà, les conséquences de cette crise sont visibles avec les dizaines de milliers de Burundais réfugiés dans les pays voisins, des manifestations réprimées de manière excessive par la police et un isolement international de plus en plus important du Burundi, un pays économiquement au bout du gouffre.
Répression tout azimuts
Tout en dénonçant les intimidations et menaces contre les opposants politiques et les membres de la société civile contraints eux-aussi à vivre dans la clandestinité ou à s’exiler, Rukyikiri a déploré le dérapage du processus démocratique au Burundi.
Le second vice-président a aussi regretté les sanctions infligées par le pouvoir à des membres de son parti qui, comme lui, se sont opposés au troisième mandat.
Environ 130 hauts cadres frondeurs, ouvertement opposés à ce troisième mandat en effet ont été soit évincés de leurs postes, menacés, emprisonnés, soit ont fui en exil ou sont passés dans la clandestinité, disant craindre pour leur vie.
M.Rufyikiri était considéré comme l’un des grands intellectuels du régime au pouvoir et l’un des leaders de ceux qui au sein du parti ont contesté dès le mois d’avril la candidature de M. Nkurunziza au Burundi.
Professeur d’université, il est très apprécié de la communauté internationale pour sa rigueur. Il a été président du Sénat lors du 1er mandat de Nkurunziza de 2005 à 2010 avant de devenir 2e vice-président en charge des affaires économiques après la réélection de ce dernier en 2010.